La SABIX
Bulletins déja publiés
Sommaire du bulletin n. 11
 

EDITORIAL
par Maurice BERNARD

La parution de ce numéro 11 du bulletin de la SABIX coïncide approximativement avec le début de l'année 1994, année du bicentenaire de notre Ecole.

Cette commémoration, inscrite dans la liste officielle des célébrations nationales touchera un vaste public. De nombreuses manifestations se dérouleront du 11 mars au 18 novembre 1994, dont la liste est reproduite dans le présent bulletin. Quelle signification peut-on donner à cette célébration ?

Pour trouver l'origine du rite anniversaire, il faudrait probablement remonter très loin dans les coutumes de nos ancêtres, les hommes préhistoriques : par exemple, ceux de Lascaux, il y a environ 12 000 ans ou même ceux de Tautavel il y a plus de 400 000 ans. Le rythme des jours et des saisons devait leur suggérer des cérémonies rituelles, tout au moins pouvons-nous le supposer...

Le monde moderne est habitué aux célébrations anniversaires les plus variées : certaines, comme Noël ou le Nouvel an, se mondialisent rapidement ; mais d'autres sont attachées à des groupes sociaux plus ou moins bien définis. Le deux centième anniversaire de la fondation de l'Ecole polytechnique concerne en premier lieu les 15.000 polytechniciens vivants à travers le monde. Pour eux, fixer cet événement, c'est en premier lieu se souvenir que l'on est ancien élève, que l'on a vécu dans cette école deux années de sa jeunesse. C'est aussi se rattacher à un groupe, une caste diront quelques uns et susciter des réactions variées : pour certains, c'est une façon de se valoriser, de se rassurer par l'appartenance à une élite, de s'enorgueillir de faire partie d'une famille intellectuelle et spirituelle, partie intégrante de la communauté nationale. Tout cela est humain et peut-être ne faut-il pas trop le regretter, surtout si ces sentiments restent tempérés par une dose suffisante de modestie, relevée d'une pointe d'humour. Relire Auguste Detoeuf est toujours plaisant et utile.

Mais les diverses manifestations du bicentenaire ne sont pas conçues au seul usage des anciens élèves, elles sont aussi, et surtout, destinées aux autres, aux non-polytechniciens. De façon plus ou moins délibérée, elles vont propager dans le pays, et même à l'étranger, une image de la communauté polytechnicienne qui s'ajoutera à celles plus ou moins conscientes qui préexistent à ce sujet. Là on côtoye un danger certain : celui de pratiquer l'autosatisfaction sur une grande échelle, de mettre en avant des qualités qui ne sont pas toujours reconnues comme telles par le monde extérieur, de se complaire dans un passé en effet prestigieux, etc.. Mais me direz-vous telle est la loi du genre et toute campagne publicitaire, toute promotion d'une image tombe toujours sous le coup de cette accusation. Simultanément, on peut redouter que des critiques acerbes soient formulées dont les auteurs, en raison du contexte seraient amenés à exagérer l'expression.

Revenons au point de départ : l'Ecole veut profiter de cet anniversaire pour se faire mieux connaître, il faut savoir quels objectifs sont assignés à cette campagne d'information. Les relations publiques, la communication ne sont pas des fins en soi mais des moyens au profit d'une stratégie. Quelle ambition, quelle vision de son avenir l'Ecole a-t-elle aujourd'hui?

D'une certaine façon, l'accueil qui sera fait à notre bicentenaire par les autres, par le reste de la société française, par les réactions à l'étranger nous renverront comme dans un miroir une image qui sera utile, si nous savons la lire, pour orienter nos actions futures.

Le numéro 11 de notre bulletin se devait de se pencher à nouveau sur la genèse de l'Ecole ; il ne pouvait pas mieux y parvenir qu'en accueillant le remarquable article de Bruno Belhoste. Il m'apparaît en effet que l'auteur apporte des éléments nouveaux, soigneusement documentés et argumentes qui constituent une avancée substantielle des connaissances sur la conception et la naissance de l'Ecole et plus généralement sur le travail de la Convention en 1793 et 1794.

Maurice BERNARD Président


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