Bulletin n° 37


Ampère un savant humaniste

L'Editorial de Christian Marbach introduit le remarquable portrait d’Ampère ordonné par Michel Dürr à l’intention des lecteurs du bulletin Sabix.

Introduction, par Michel Dürr qui, devant la surprenante diversité des domaines où le savant a exercé son intelligence, a fait appel à des auteurs érudits appartenant à plusieurs disciplines, afin d’analyser les intuitions et les méthodes du scientifique, les conceptions du philosophe, les convictions et les comportements de l’homme dans la société

Joseph Janin retrace d’abord à grands traits la vie passionnée d’Ampère.

L’enseignement, comme professeur à Bourg-en-Bresse, à Lyon, à l’Ecole polytechnique, au Collège de France, ou comme inspecteur général de l’Université, assura la subsistance d’Ampère tout au long de sa vie. Michel Dürr rapporte quelques unes des anecdotes amusantes, authentiques ou non, qui se propagent à propos des distractions du savant.
En s’appuyant sur les opinions de contemporains, il pose la question de l’aptitude de ce « professeur de légende » à enseigner.

Jean Delhaye évoque l'œuvre d’Ampère « géomètre et mathématicien » ; il commente quelques uns des travaux qui ont marqué la carrière du mathématicien : « l’énigme du mémoire sur la quadrature du cercle » qu’ André Marie, âgé de treize ans, aurait adressé à l’Académie de Lyon, les considérations sur la Théorie mathématique du jeu, le Mémoire sur l’application des formules générales du calcul des variations aux problèmes de la Mécanique.

La théorie chimique d’Ampère, tentative de chimie structurale avant l’heure, est étudiée par Madame Myriam Scheidecker-Chevallier
Ne disposant pas de laboratoire, Ampère n’a jamais expérimenté. Mais il a su interpréter les résultats expérimentaux avec une singulière intuition.

Evoquant l’amitié et la collaboration entre Fresnel et Ampère, Suzanne Gély rappelle le soutien apporté par Ampère à son jeune ami dans le débat qui agita les académiciens, de 1816 à 1819, quant à la nature ondulatoire de la lumière.

Ampère fut-il « le Newton de l’électricité » ? Christine Blondel s’interroge sur la portée et la pertinence de ce dire du grand Maxwell. Ce qui l’amène à démonter la démarche et les ressorts des méthodes d’Ampère, à propos en particulier de l’unification des phénomènes électriques et magnétiques, de l’invention du concept de courant électrique.

Ampère philosophe : Xavier Dufour étudie l'un des aspects les plus surprenants de la pensée d'Ampère.

Michel Dürr traite d’Ampère et les milieux littéraires et scientifiques de son temps. Le lecteur voit apparaître, dans leurs rapports avec Ampère, une suite d’institutions et de personnages qui ont stimulé la vie intellectuelle en France, du Directoire à la Restauration.

Michel Dürr consacre quelques pages à l’amitié qui lia Ampère à Frédéric Ozanam, et évoque à ce propos les convictions spirituelles du savant.

Le bulletin Sabix comprend en outre une courte présentation de la Société des amis d’Ampère, par Georges Asch, délégué général. Un bref exposé sur les dispositifs montrés au musée de Poleymieux, par Michel Siméon, conservateur. Enfin, une bibliographie très complète établie par Michel Dürr, les textes d’Ampère d’une part, les ouvrages et articles sur Ampère d’autre part. Un travail utile destiné aux historiens.

Pour conclure, en raison de la diversité des thèmes abordés qui vont des poèmes d’Ampère à l’électrodynamique en passant par « la décomposition de la faculté de penser », et eu égard à la qualité des auteurs, ce bulletin peut être recommandé à tous ceux qu’intéressent l’histoire des sciences et les mouvements d’idées au début du XIXè siècle.

J.P.Devilliers (57)