La SABIX
Bulletins déja publiés
Sommaire du bulletin n. 3
 

EDITORIAL

Le poste de "Conservateur de la Bibliothèque" fut créé dès le 6 frimaire an III (26 novembre 1794) par l'arrêté qui, peu avant l'ouverture des cours, organisait l'administration de la nouvelle Ecole Centrale des Travaux Publics fondée deux mois plus tôt par un décret de la Convention.

Ce Bulletin numéro 3 fait le portrait de François PEYRARD, second titulaire de cette charge qu'il remplit de 1795 à 1804. C'était, on le verra, un homme haut en couleur, dont le caractère violent fit grand bruit à l'Ecole, où il occupait un logement de fonctions, comme d'autres employés - dont l'administrateur LERMINA, qu'il semble avoir férocement détesté. C'est du moins ce qui ressort du long manuscrit en forme d'autobiographie que PEYRARD a laissé dans nos archives.

Rien en cela qui dépasse le niveau de la "petite histoire" et des anecdotes dont les curieux peuvent trouver dans nos archives d'innombrables exemples. Mais le personnage de PEYRARD est en fait d'une bien autre stature. Mathématicien de valeur, il est - depuis l'antiquité -le premier traducteur d'EUCLIDE et fait toujours autorité. Révolutionnaire convaincu, il prit part en 1793 aux premières tentatives d'organisation de l'enseignement, aux côtés de FOURCROY, de MONGE, de BERTHOLLET. Dans le tumulte du moment, la Convention n'aboutit pas, mais PEYRARD resta associé au groupe des savants qui entouraient le Comité de Salut public et il n'est pas étonnant qu'il ait été appelé par ceux-ci à l'Ecole lorsque le premier Conservateur, JACOTOT, un dijonnais ami de GUYTON de MORVEAU, démissionna dès avril 1795 pour rejoindre sa ville natale.

On compte, parmi les successeurs de PEYRARD à la Bibliothèque de Polytechnique, de bons historiens comme FOURCY ou PINET. Mais aucun ne peut se prévaloir d'une oeuvre aussi abondante et aussi variée que celle de PEYRARD, ni d'une semblable notoriété auprès des mathématiciens. PEYRARD est un homme hors du commun, dont la carrière a accompagné de près les origines de l'Ecole. Il méritait certainement l'étude biographique que présente ci-après notre ami J. LANGINS.


Emmanuel GRISON