La SABIX
Bulletins déja publiés
Sommaire du bulletin 37
 

LES DISTRACTIONS D'AMPÈRE
(anecdotes rassemblées par Michel Dürr)

Selon une croyance populaire fort répandue, le « savant », le « vrai savant », se caractérise par un comportement hors du commun. Condition nécessaire mais non suffisante, il doit posséder la faculté de s'abstraire du monde qui l'entoure pour se plonger dans des méditations ou des calculs qui échappent au vain peuple. Lorsqu'il communie ainsi avec la science, nul ne s'étonne d'une conduite excentrique. Bien au contraire, c'est ce qu'on attend de lui.

Les distractions et les bizarreries d'Ampère avaient frappé ses contemporains. Ses dispositions naturelles l'y portaient, probablement accentuées par une jeunesse vécue dans la campagne de Poleymieux au sein de sa famille. Souvenons nous qu'il fut élevé sans maîtres et sans contacts avec d'autres enfants de son âge, par un père, très instruit, mais plus féru de Rousseau que porté aux mondanités. Une telle éducation ne pouvait donner à l'enfant les repères habituels pour se bien conduire en société.

Lui-même était très conscient de ses travers. Dans un texte autobiographique, rédigé comme « curriculum vitae », lors de sa candidature au Collège de France en 1824, il avoue, non sans ingénuité, qu'« il aimait, après avoir gravé dans sa mémoire les morceaux de leurs [les poètes latins] immortels écrits, à les réciter dans ces mêmes campagnes, dans ces mêmes forêts qu'il parcourait en tous sens pour y recueillir des plantes. C'est peut-être à ce genre de vie si longtemps privé de toute communication avec les hommes dont se compose notre société, qu'on doit attribuer les distractions auxquelles Mr Ampère a paru quelquefois sujet et qui l'ont fait surnommer par ses amis le bon La Fontaine. Comme l'inimitable fabuliste, il joint à de grands talents une simplicité et parfois un oubli total de ce qui se passe autour de lui » (1). Son entourage s'en amusait, mais en était parfois agacé, estimant qu'il y mettait quelque affectation. Ses meilleurs amis eurent à cœur de le défendre contre cette accusation. Ainsi, François Arago (2) : « Dites-nous par exemple, quel avantage convoitait Ampère le jour où, assis à la table de personnes que tout lui commandait de ménager, il se crut un moment dans sa propre maison et s'écria avec l'accent d'un mécontentement profond : « Vraiment, ce dîner est détestable ! Ma sœur comprendra-t-elle enfin qu'elle a tort d'accepter des cuisinières sans s'être assurée personnellement de leur savoir-faire ? ». Ou, encore, son ami et confident Bredin (3) : « C'est aussi aux habitudes solitaires et méditatives de son enfance qu'il faut attribuer tous les traits de distraction dont sa vie fourmillait et qui quelquefois étaient poussés si loin que les personnes étrangères à la concentration d'esprit et qui n'ont jamais éprouvé la puissance tyrannique qu'exerce quelquefois une idée sur la volonté, n'ont pu concevoir ces singulières aberrations d'Ampère. De toutes les histoires de distractions d'Ampère dont plusieurs journaux sont remplis, quelques unes sont véritables, beaucoup sont des inventions qui n'ont pas toujours le mérite de la vraisemblance. Quelqu'un a écrit que M. Ampère poussait quelquefois ces bizarreries jusqu'à l'affectation. L'auteur auquel est échappée une telle imputation n'avait donc jamais ni vu ni entendu notre illustre confrère à qui l'affectation eût été impossible lors même qu'il en aurait pu concevoir l'idée. De toutes les accusations qu'il est possible de faire à un homme, il n'en est pas une seule qui s'applique aussi mal à Ampère que celle d'affectation. De tous les défauts dont la matière humaine est susceptible, il n'en est point dont Ampère ait été plus éloigné que celui d'affectation. Au reste Ampère était désolé de s'être laissé aller à ces écarts d'attention toutes les fois qu'ils avaient pu offenser qui que ce fût, ou qu'ils avaient eu pour résultat l'oubli ou le retard d'un devoir, dans tout autre cas, il prenait le parti d'en plaisanter avec les rieurs. »

Le fiacre

Les anecdotes les plus célèbres ne sont pas les plus certaines. Faut-il croire Pierre Larousse de 40 ans plus jeune qu'Ampère lorsqu'il rapporte quelques exemples des distractions proverbiales de celui-ci : « Toujours absorbé par ses méditations, même au milieu du bruit et du mouvement de la capitale, il réfléchissait un jour sur la solution d'un problème important. Aviser un omnibus qui se trouvait là en stationnement, tirer de sa poche un morceau de craie, fut pour lui l'affaire d'un instant. Le voilà couvrant d'x, de plus, de moins, de multipliés par, un panneau qu'il prenait sans doute pour l'amphithéâtre de la Sorbonne. Il était sur le point d'arriver à une solution depuis longtemps cherchée, quand le sifflet donnant le signal du départ, le véhicule emporta l'équation ébauchée ». (4)

La montre

« Un autre jour, Ampère se rendait à son cours. Il trouve sur sa route un petit caillou qu'il ramasse, et dont il se met à examiner curieusement les veines bigarrées. Tout à coup, le cours qu'il doit faire revient à son esprit ; il tira sa montre de sa poche, et s'apercevant que l'heure approche, il double précipitamment le pas, remet soigneusement le caillou dans sa poche, et lance sa montre par-dessus le parapet du pont des Arts.» (4)

Le parapluie

« Un soir de l'hiver 1836, quelques mois avant sa mort, en revenant de la Sorbonne à son appartement de la rue Saint Marcel [lire Saint-Victor], il est assailli par une averse diluvienne. Mais son parapluie - un parapluie historique - a des proportions telles que pas une goutte d'eau ne mouille le savant : le parapluie attrape tout. Il arrive à sa porte, entre dans sa chambre où l'attend un bon feu. Le lit est prêt, les rideaux sont soigneusement écartés, la couverture repliée à demi. Que fait Ampère ? Il couche soigneusement son parapluie ruisselant et va, lui, se planter sur son paillasson où sa vieille domestique le réveille une heure après ». (5)

Les deux chatières

« Ampère avait deux chats, qu'à l'exemple de beaucoup d'illustres personnages, il chérissait tendrement : l'un était un maître angora, un Raminagrobis splendide de maturité ; l'autre un petit chaton dont les folles cabrioles contrastaient avec la dignité de son camarade. Ennuyé d'entendre ses animaux favoris gratter continuellement à la porte de son cabinet, Ampère fait venir un menuisier : « Pratiquez-moi, dit-il, deux chatières au bas de cette porte, et surtout ayez soin d'en faire une grande et une petite de façon à les proportionner à la taille de mes animaux. - Oh ! Monsieur, repart l'ouvrier surpris, est-il bien nécessaire d'en faire deux ? La grande suffirait bien ; - Eh bien ! Et le petit chat ? Comment fera-t-il pour entrer ». (6)

Tyrannisé par ses élèves

Lorsque Ampère fut nommé répétiteur de Labey, Arago (X 1803) était élève à l'Ecole alors installée au Palais-Bourbon, un an avant sa translation rue de la Montagne Sainte Geneviève. De ce fait, il est crédible lorsqu'il décrit l'accueil réservé à Ampère par les polytechniciens: « Mal conseillé par des amis peu au courant des choses d'ici-bas, Ampère se présenta, dans l'amphithéâtre d'une école presque militaire, en habit noir à la française, œuvre malheureuse d'un des moins habiles tailleurs de la capitale ; et pendant plusieurs semaines, le malencontreux habit empêcha plus de cent jeunes gens de prêter attention aux trésors de science qui se déroulent devant eux. Le répétiteur craint que les caractères tracés sur le tableau noir ne soient peu visibles pour ses auditeurs les plus éloignés ? Il croit devoir les consulter, ce qui semble bien naturel. Eh bien, à la suite du colloque ainsi établi avec ces jeunes gens réunis en grand nombre, plusieurs d'entre eux eurent l'espièglerie, en argumentant toujours de la faiblesse de leur vue, d'amener par degrés le bienveillant professeur à des caractères d'une telle grosseur que le plus vaste tableau, loin de suffire à des calculs compliqués, n'aurait pas contenu seulement cinq chiffres. Tout entier enfin aux développements d'une théorie difficile, il lui arrive dans le feu de la démonstration, de prendre le torchon saupoudré de craie pour son mouchoir. Le récit, grossi, amplifié, de cette méprise, assurément bien innocente, se transmit de promotion en promotion ; et quand Ampère paraissait pour la première fois devant l'une d'elles, ce n'était plus le savant analyste qu'elle cherchait de préférence : elle guettait plutôt le moment où il l'égaierait par la distraction, dès longtemps promise, et dont elle était très peu disposée à le tenir quitte. » (2). La légende d'Ampère restera longtemps vivante à l'Ecole, plusieurs années après qu'il ait cessé d'y enseigner. Selon Gaston Pinet (9) « L'amour de la littérature, le besoin de se tenir au courant... firent naître à l'Ecole en 1832 un journal hebdomadaire qu'on appela « le Récréatif ». Il parut du mois de janvier au mois de mai. ...La quatrième page du journal recevait les nouvelles, concerts, théâtres, farces et charades. On y trouvait toujours quelque anecdote au sujet d'Ampère. On avait fait un recueil des mille distractions qui le rendaient populaire, des tours plaisants que lui jouait Arago, son ami intime. On en inventait même à plaisir : le bas resté dans sa main pendant une méditation profonde, la craie à la place du sucre dans son verre d'eau, le torchon du tableau dont il se faisait un mouchoir ; innocentes plaisanteries qui ne portaient aucune atteinte à la dignité du savant et le faisaient au contraire aimer, admirer davantage. On racontait comment dans un salon, il avait fait la connaissance de M. de Humboldt en causant avec M. Arago. M. de Humboldt venait à Paris pour la première fois et il ne connaissait pas encore Ampère, il l'entendait causer et se rapprochait de plus en plus pour l'écouter. Entraîné à la fin par la variété et la profondeur des connaissances de celui qui parlait et dont l'esprit généralisateur au plus puissant degré embrassait d'un seul regard toutes les connaissances humaines, science, littérature, politique et philosophie, M. de Humboldt se précipita sur lui et lui prenant les mains s'écria : « Vous êtes M. Ampère ! Seul M. Ampère peut parler ainsi ». Arago, se retournant dit simplement à Ampère : « M. de Humboldt ». Depuis ce jour, les deux illustres savants sont restés étroitement unis. »

Le Chapeau.

Mais, faut-il croire Arago, lorsqu'il raconte : « Après une soirée consacrée à de vives discussions sur divers points de religion et de métaphysique, Ampère, en se retirant fort tard, emporte le chapeau tricorne d'un ecclésiastique, au lieu de son propre chapeau rond. Le lendemain, il s'empresse d'aller réparer son erreur ? (2) En effet, dans une des lettres publiées par Louis de Launay, Ampère s'excuse auprès de son ami Beuchot, alors directeur de la « Bibliographie de la France ou Journal de la Librairie » d'avoir par mégarde emporté un chapeau semblable au sien (7).Ou bien Ampère était coutumier du fait, ou bien Arago « gaze » l'anecdote.

Comment gagner aux échecs !

« La crédulité d'Ampère était en quelque sorte devenue proverbiale. Elle lui faisait accepter, coup sur coup, les événements les plus fantastiques dans le monde politique, les faits les plus extraordinaires dans le monde intellectuel. Cet aveu, au reste, ne portera aucun préjudice à la grande réputation de perspicacité du célèbre académicien.....Chez lui, la crédulité était le fruit de l'imagination et du génie.

En entendant raconter une expérience extraordinaire, son premier sentiment était sans doute la surprise; mais bientôt après, cet esprit si pénétrant, si fécond, apercevant des possibilités là où des intelligences communes ne découvraient que le chaos, il n'avait ni trêve, ni cesse, qu'il n'eût tout rattaché par des liens plus ou moins solides aux principes de la science.....

Son cabinet de travail s'ouvrait à toute heure et à tout confrère. Vous n'en sortiez pas, nous devons l'avouer, sans que notre confrère vous demandât si vous connaissiez le jeu des échecs ? La réponse était-elle affirmative, il s'emparait du visiteur et jouait contre lui, bon gré, mal gré, des heures entières. Ampère avait trop de candeur pour s'être aperçu que les inhabiles eux-mêmes, plusieurs m'en ont fait la confidence, connaissaient un moyen infaillible de le vaincre : quand les chances commençaient à leur être défavorables, ils déclaraient qu'après de mûres réflexions, le chlore était définitivement pour eux de l'acide muriatique oxygéné, que l'idée d'expliquer l'aimant à l'aide des courants électriques, semblait une vraie chimère ; que tôt ou tard, les physiciens reviendraient au système de l'émission, et laisseraient les ondes lumineuses parmi les vieilleries décrépites du cartésianisme. Ampère avait ainsi le double chagrin de trouver de prétendus adversaires de ses théories favorites, et d'être échec et mat.... » (2)

Je vous attends à l'escargot

Donnons encore un extrait de l'éloge d'Arago, qui montre la bonhomie avec laquelle Ampère était capable de retourner ses contradicteurs. Il s'agit du soutien apporté par Ampère aux idées de Geoffroy Saint Hilaire sur l'organisation des animaux, sur la question qu'on appelait alors « l'unité de composition », qui opposait Georges Cuvier et Etienne Geoffroy Saint Hilaire :

« Je me rappelle encore - écrit Arago - le dialogue qui s'établit un jour, en ma présence, entre M. Ampère et un académicien, adversaire décidé de l'unité de composition, et dont les spirituelles saillies étaient fort redoutées de ses connaissances, et même peut-être de ses amis. J'en rapporterai le commencement : - « Eh bien, Monsieur Ampère, vous aussi, vous prétendez que sous le point de vue anatomique, Maître Corbeau, sur un arbre perché, ne différait pas de l'animal cauteleux et rusé qui lui soutira son fromage ; vous aussi, vous croyez que « le héron au long bec emmanché d'un long cou, » n'est qu'une simple modification de la commère la carpe dont il avait sottement dédaigné de faire son dîner ; vous aussi, vous trouvez que le fabuliste commettait une hérésie en histoire naturelle, quand il disait :

Mais le rat sortant de sa cage
Lui fit voir en moins d'un instant
Qu'un rat n'est pas un éléphant

- Oui, Monsieur, oui, répliqua Ampère, tout ce que vous venez d'enregistrer comme des impossibilités, je l'admets. Les détails en ce genre seraient superflus. Après des études consciencieuses, je me suis attaché à un principe singulier en apparence, et que le temps, néanmoins fera prévaloir ; au principe que l'homme est formé sur un plan qui se retrouve dans tous les animaux sans exception ;

- A merveille, monsieur Ampère ; votre système a un mérite incontestable et rare ; il est clair et catégorique. Je vous attends donc à l'escargot.

Ampère prit part lui-même pendant quelques secondes à la gaieté que cette saillie provoqua chez toutes les personnes présentes ; mais bientôt, il entra sérieusement dans la question risible qu'on venait de lui présenter ; il la traita avec une grande profondeur ; il montra des connaissances si étendues en anatomie et en histoire naturelle, il signala des ressemblances, des analogies tellement ingénieuses, là où les premiers pas semblaient conduire à l'absurde, que, pour l'honneur de l'espèce humaine, nous nous surprîmes à regretter que le terme de comparaison offert à Ampère eût été pris si bas dans l'échelle animale. »

Une lecture absorbante

« J'avais engagé, écrit Bredin dans son journal, un savant naturaliste Suédois à venir dîner à la maison pour lui faire faire la connaissance d'Ampère. J'engageai aussi Ballanche, Montbel, Roux et d'Ambérieux.

Au moment de passer à table, plus d'Ampère qui était là l'instant d'avant. Je le cherche dans toute la maison, je le fais chercher partout où je suppose qu'on peut le trouver, c'est en vain. Méla commençait à s'impatienter ; le dîner allait être mauvais. « Eh bien, lui dis-je, fais servir, nous ne nous gênons pas avec Ampère, il arrivera sans doute bientôt ». Nous nous mettons à table. Ampère ne paraît toujours pas. Le portier ne l'avait pas vu sortir de l'Ecole : je commençais à être inquiet.

Au dessert, Montbel sort de table pour satisfaire un petit besoin et trouve au petit cabinet le cher Ampère accroupi, un livre à la main et tellement absorbé par sa lecture qu'il avait tout oublié. Il était depuis si longtemps dans cette position incommode que ses jarrets fléchis ne pouvaient plus le relever. Montbel fut obligé de l'aider. Le pauvre ami arriva à table, soutenu par Montbel, tout confus ne sachant comment s'excuser de nous avoir ainsi fait attendre. Mais bientôt la conversation prenant un tour intéressant, il ne pensa plus à sa mésaventure et se lança à corps perdu dans des considérations toutes nouvelles pour le Suédois enchanté autant qu'émerveillé d'un tel savoir, de telles vues scientifiques. » (8)

Ampère à la maison

Le peintre Delécluze, ami de Jean-Jacques Ampère a laissé un Journal et des Souvenirs où il raconte une invitation rue des Fossés Saint Victor et donne un témoignage sans complaisance qui reconstitue l'atmosphère de cette maison : « Dimanche dernier, 8 du mois de janvier 1826, on s'est réuni chez moi comme de coutume à la fin de la matinée. Après la causerie, Mérimée, Sautelet, Ampère [Jean-Jacques, fils du savant] et moi, nous avons été dîner aux Frères Provençaux. Quoique nous ayons été assez sobres, nous avons trouvé le moyen de rester jusqu'à 9 heures du soir à table. ... Ampère nous a invités pour le lendemain à dîner chez son père. En effet, nous nous y sommes rendus. Le rendez-vous était à 3 heures de l'après-midi. ...On s'est mis à bavarder et à jouer autour du poêle comme des écoliers. ... Il faisait nuit, la chambre était très obscure quand M. Ampère, le père est entré une chandelle à la main. Cet homme est certainement l'un des plus singuliers qui existent de notre temps. M. Ampère est un des plus forts mathématiciens de notre époque. Outre cela, il n'y a aucune branche des connaissances humaines qu'il ne cultive. Métaphysique, philosophie, sciences exactes et naturelles, économie publique etc., il est au courant de tout : d'après cette exposition, on aurait tort de penser que M. Ampère soit un homme superficiel. Au contraire, dans la conversation, il pèche plutôt par l'excès de la science et il fatigue quelquefois ses auditeurs, faute de se mettre à leur portée. Après ce préambule, on ne risque rien en disant que M. Ampère au premier aspect donne l'idée d'un imbécile. Il a la vue très basse, ses cheveux et toute sa toilette sont en désordre ; il parle lentement, est privé d'élocution et dans toutes ses manières et ses habitudes, il manque absolument d'usage du monde. Il est très dévot ; on assure que sa conversion date d'une époque où, se trouvant en partie fine avec des filles, il trouva chez elles un livre sur la religion qui fit une grande impression sur son esprit.

Sa femme, d'avec laquelle il est séparé depuis un assez grand nombre d'années, était une espèce de démon qui, à ce qu'on assure, lui a rendu une partie de sa vie fort malheureuse. Aujourd'hui, M. Ampère, livré tout entier aux sciences, vit tranquillement au milieu de sa famille qui se compose de son fils, de sa fille et d'une sœur qui tient son ménage. Ces deux personnes, la tante et la nièce, sont enfoncées dans la dévotion la plus grande. Leur mise, leurs manières me rappellent toujours les femmes jansénistes dont j'étais entouré quand j'ai fait mes études au collège de Lisieux et chez M. Savouré. Leur tête est garnie d'une petite guimpe en mousseline unie et assez grosse sans aucun ornement ; une robe d'indienne leur sert de parure et des fichus colletés jusqu'au menton leur donnent un faux air de sœurs grises. Ainsi que je l'ai dit, nous étions rassemblés dans la chambre d'Ampère [il s'agit ici de Jean Jacques], avant le dîner, quand son père est venu lui-même nous avertir que la soupe était sur la table. On est monté. Nous trouvâmes dans la salle trois dames déjà placées à table. Les deux dont j'ai parlé et une troisième plus âgée, cousine, je crois de M. Ampère. Aucun de nous n'a été présenté aux dames ; on ne les a même pas saluées, non que nous ne fussions disposés à faire cette politesse, mais parce qu'aucune de ces dames n'a tourné les regards vers nous et qu'au contraire, il paraissait entrer dans leur goût autant que dans l'ordre établi dans la maison qu'on ne leur adressât pas la parole. Pendant tout le repas, elles sont restées muettes et immobiles, si ce n'est pour manger. Les hommes au contraire parlaient beaucoup, d'une manière assez bruyante et s'entretenant de matières tout à fait inintelligibles pour les trois dames. Tous les jeunes convives, avec lesquels je me trouvais, habitués aux usages de la maison et à la réserve plus qu'humble de ces dames, n'y faisaient même pas attention. Pour moi qui ai toujours vécu au milieu de femmes qui tiennent leur rang de maîtresses de maison faisant les honneurs, entretenant la conversation et habituées aux prévenances des hommes, j'éprouvais une certaine gêne, lorsque la sœur de M. Ampère m'offrait quelque mets et que je ne voyais pas sur son visage le sourire qui prévient ordinairement le remerciement qu'on fait en pareil cas. Il y a dans cette manière quelque chose qui me rappelait sans cesse cette loi du Deutéronome : tu ne prendras pas le bœuf, la jument ni la femme de ton voisin. L'esclavage domestique, la femme esclave se retrouvent encore dans ces familles où le rigorisme religieux, où les habitudes jansénistes se sont conservées pures. Ces mœurs n'auraient rien eu d'extraordinaire pour moi, si je les avais trouvées établies dans la maison de gens tout à fait simples, mais l'étendue des connaissances de M. Ampère dans toutes les sciences, l'habitude qu'il a de voir des gens de toutes les conditions, la présence de son fils surtout, dont les goûts le portent à fréquenter la société la plus élégante et la plus choisie les manières d'Alfred [Stapfer] et de Mérimée, deux fashionables, tout cela faisait un contraste singulier avec l'inélégance du repas, le silence presque respectueux des femmes et le laisser-aller que tous les convives masculins montraient. Le dîner a fini comme il avait commencé. On s'est levé de table laissant les dames, sortant de la salle à manger sans leur dire un mot ni leur faire une politesse. Nos jeunes gens riaient, se poussaient en marchant et cette scène m'a rappelé tout à fait la sortie d'un réfectoire de collège. La comédie perpétuelle dont j'ai joui pendant toutes ces scènes, c'est l'impassibilité de M. Ampère, qui ne s'amuse ni ne se fâche de tout ce qui se fait d'extraordinaire dans sa maison. On dirait qu'il ne voit ni ne sent rien de ce qui ne s'adresse pas directement à l'intelligence. On lui parle, on l'interrompt, on le pousse, on lui tourne le dos, tout cela ne lui fait rien et selon qu'il est disposé dans le moment, il continue à parler ou à réfléchir sans que cela le dérange. »

Un besoin pressant.

On raconte sur lui une anecdote qui peint bien sa distraction et sa bonhomie. Un soir d'été, il allait à l'Observatoire. M. Arago, qui s'y rendait également l'aperçut à quelque distance, faisant ses préparatifs le long d'un mur pour satisfaire un petit besoin. Arago s'approche d'Ampère et contrefaisant sa voix : « on ne pisse pas ici, » dit-il. Ampère s'échappe bien vite en relevant le pont de sa culotte, fait quelques pas en courant et se dispose à se replacer le long du mur ; mais Arago, le poursuivant toujours, répète encore en grossissant sa voix : « On ne pisse pas ici. » S'il faut croire les conteurs, cette scène se renouvela jusqu'à trois fois, et ce ne fut qu'à la porte de l'Observatoire qu'Arago, parlant comme à son ordinaire, tira d'erreur son ami ». (10)

« Où celui-là a-t-il appris à carculer ? »

« En 1829, quand le grand mathématicien, atteint des premiers symptômes d'une maladie du larynx, voyageait sur la route d'Hyères, où il allait chercher le repos et le soleil, assis au fond d'une calèche à côté de son fils qui l'accompagnait, il se chargeait volontiers de payer les postillons. Aux portes d'Avignon, dans ce pays déjà méridional, où le langage se colore et s'accentue d'épithètes énergiques, André Ampère essayait laborieusement de régler ses frais de route ; mais d'un côté la distraction, de l'autre l'impatience, embrouillaient incessamment toutes ses additions.

L'affaire s'arrange enfin au gré de l'Avignonnais, qui reçoit son pourboire et dit d'un air de superbe dédain : « En v'là un mâtin qui n'est pas malin ! Où celui-là a-t-il appris à carculer ? » « Tout entier à l'admiration que m'inspirait le génie de mon père, disait notre ami [Jean-Jacques Ampère] en rappelant ses souvenirs, je l'écoutais parler sur la classification des connaissances humaines quand cet incident vint nous interrompre. » (11)

Le déjeuner de Nobili

Le physicien genevois Jean-Daniel Colladon raconte dans ses « Souvenirs » l'anecdote suivante : « M. Nobili, de Florence, physicien bien connu, étant venu à Paris, Ampère nous dit, à Sturm et à moi : « Vous serez sans doute bien aises de faire la connaissance de M. Nobili ; je veux l'inviter dans quelques jours à un déjeuner chez moi et je vous invite pour ce jour là ». Etaient présents au repas, M. le baron Maurice de l'Institut, M. César Becquerel, M. Edwards, Sturm et moi, M. Nobili n'y était pas. Sans doute, il n'aura pas pu venir...Bref on se met à table, on cause de science, on est gai. Moi, j'étais à la gauche de M. Ampère qui riait comme les autres.

Tout à coup, au milieu du repas, M. Ampère se recule, lance sa serviette par terre en disant à mi-voix : « Ah ! Je suis un homme profondément malheureux ». Je lui dis : M. Ampère, vous trouvez-vous mal ? Il me répondit à mi-voix : « Croyez-vous que je donne ce déjeuner pour M. Nobili et que j'ai oublié de l'inviter ! ». La plupart des convives n'entendirent pas ce mot, mais M. Ampère depuis ce moment fut douloureusement agité. Je rapporte ce fait sans y changer une syllabe et je rappelle que c'est à moi-même que M. Ampère l'a dit. (11 bis)

Les tribulations de l'Inspecteur de l'Université

A en croire les collègues d'Ampère qui faisaient avec lui la tournée des établissements scolaires, il fallait le surveiller constamment et le voyage n'était pas de tout repos :

« Ampère est venu revoir la maison grise des jésuites de Bourg, l'Ecole Centrale de 1795, le Collège communal de 1802 ; cela en 1831. Il arrivait avec Monsieur Naudet, comme lui, inspecteur général de l'Université. Chemin faisant, le traducteur de Plaute [c'est-à-dire Naudet] avait deux préoccupations incessantes : 1° il avait à surveiller ses vêtements ; Ampère au saut du lit prenait le premier pantalon venu et, sans s'apercevoir de la disproportion ni tenir compte de la résistance, il l'enfilait victorieusement ; c'était quelquefois le pantalon de M. Naudet, lequel en restait irrémédiablement avarié. - 2° Il avait à surveiller Ampère lui-même. En Bourgogne, vers Saulieu, à une certaine montée, tous mettaient pied à terre pour ménager les chevaux. Ampère descend, s'établit avec un petit papier et un crayon sur un tas de pierres, disant qu'on cheminât et qu'il rejoindrait. Naudet gravit la côte en causant. Quand il faut remonter en diligence, Naudet s'aperçoit qu'Ampère manque. Le conducteur veut marcher, il faut qu'il arrive à Saulieu, bon gîte, à l'heure du souper, heure sacramentelle pour les conducteurs : les voyageurs l'approuvent à l'unanimité. A Saulieu, Naudet dut louer un véhicule quelconque et aller à la recherche de son collègue, attardé pour sûr, égaré peut-être. Il le retrouva sur le tas de pierres, toujours chiffrant et aux récriminations naturelles, ouvrant de grands yeux ébahis... il n'avait pas compté les heures ni vu la nuit venir. » (12)

« Et je n'ose plus ajouter deux anecdotes sur le passage des deux inspecteurs généraux, en 1831. Elles me sont dites avec une grâce et un esprit infinis par une personne qui reçut alors M. Naudet chez elle. - L'une de ces historiettes concerne une deuxième visite d'Ampère à Brou, pour laquelle faire avec plus de sécurité, l'église, tant un peu fraîche, il se déshabilla autant qu'il fallait et passa un gilet de flanelle qu'il avait dans sa poche, cela sur le seuil, sans nulle cachotterie et tout naturellement. - La seconde est d'une cassette où les deux savants tenaient (comme les deux amis du Monomotapa) leur bourse commune : Ampère la gardait, réglant les comptes en sa qualité de mathématicien. Il l'oublia un matin en quelque auberge et comme Naudet grondait, Ampère lui remontra avec placidité qu'il en avait la clef. »

Les chemises du recteur

Lors de sa tournée d'inspection de 1830, Ampère avait logé à Orléans chez le recteur, M. Boubée de Lespée. Le colonel Oudet, arrière petit-fils de celui-ci rapporte ainsi la tradition familiale : « J'ai souvent entendu parler par ma grand'mère, morte à 92 ans, en 1901, de la visite faite par Ampère à son père et dont il est question dans la lettre. Elle se rappelait notamment qu'Ampère au moment du départ, avait, par distraction, vidé dans sa malle le contenu d'un tiroir de la commode placée dans la chambre où il avait été reçu et qui contenait toutes les chemises de son hôte. » (13)

Comment l'on forge une légende !

Au fil des ans, la « geste » des aventures plaisantes d'Ampère s'est constituée, transmise, amplifiée, déformée, mêlant un peu de vrai à beaucoup d'invention. Dans le premier tiers du XIXe siècle, Cauchy, Arago et Ampère servent de modèle à la formation de l'archétype du savant distrait et naïf, et se voient attribuer indifféremment certaines anecdotes. Il en est ainsi de l'aphorisme « Je vous en donne ma parole », prononcé selon les uns, par Ampère désespéré de finir une démonstration convaincante, suivant d'autres, par Cauchy, qui, précepteur à Prague du duc de Bordeaux, renonça ainsi à se faire comprendre de son royal élève.

La consultation des documents officiels et l'esprit critique devrait éviter de propager erreurs, rumeurs ou légendes dont la verve piquante n'implique pas la véracité. Ce n'est hélas pas toujours le cas. Ainsi, dans un article par ailleurs estimable (14), Henri Coquet relate l'anecdote suivante:

"Les distractions d'Ampère sont proverbiales et connues de tous: nous en donnerons un exemple qui, croyons-nous a reçu moins de publicité, et que nous avons trouvé dans une histoire de Napoléon 1er.

Pendant une séance de l'Institut, présidée par Geoffroy Saint Hilaire, Ampère occupait la tribune pour présenter un mémoire. L'Académie l'écoutait avec la plus vive attention, lorsque tout à coup une agitation extraordinaire, suivie d'un murmure général, se répandit dans l'Assemblée à la vue d'un étranger qui, vêtu d'un frac bleu foncé et décoré de la Légion d'honneur, était entré dans la salle; celui-ci, d'un geste calma l'effervescence et approchant d'un fauteuil vide y prit place.

Ampère ne s'était aperçu de rien et une fois son mémoire lu, il le déposa sur le bureau de l'académie et retourna tranquillement à sa place. Mais à son grand étonnement son fauteuil était occupé par l'étranger. Ampère gêné, mais n'osant rien dire par timidité, tourna autour de son siège, toussa, mais sans résultat. Il s'adressa alors à ses collègues, trouvant étrange qu'on vienne sans autre forme occuper la place d'un autre. Il n'eut pour réponse que des sourires silencieux. S'enhardissant, Ampère s'adressa à M. Geoffroy-Saint-Hilaire: "Monsieur le président, lui dit-il, je dois vous faire remarquer qu'une personne étrangère à l'Académie s'est emparée de ma place et siège parmi nous ". " Vous êtes dans l'erreur, mon cher confrère, cette personne à laquelle vous faites allusion est membre de l'Académie des Sciences".

« Et depuis quand demanda Ampère, - Depuis le 5 nivôse an VI, répondit l'étranger. - Et dans quelle section s'il vous plaît, répondit l'intrus en souriant. - C'est un peu fort », s'écria Ampère, et prenant un annuaire de l'Institut, il lut à cette date: Napoléon Bonaparte, membre de l'Académie des Sciences nommé dans la section de mécanique le 5 nivôse, an VI.

Ampère n'avait pas reconnu l'Empereur; très troublé, il se répandit en excuses. L'Empereur que cette scène avait fort amusé lui répondit aimablement: "Voilà, monsieur, l'inconvénient qu'il y a de ne pas fréquenter ses collègues. Je ne vous vois jamais aux Tuileries; mais je saurai bien vous forcer à venir au moins m'y souhaiter le bonjour"

L'Empereur assista à la séance de l'académie et avant de s'en aller, il s'approcha d'Ampère, lui tendit la main et l'invita en ces termes: " Quant à vous, mon cher collègue, je vous attends demain à dîner; ce sera pour sept heures. Je vous placerai à côté de l'Impératrice, afin que vous ne la preniez pas pour une autre "

Le lendemain, l'Empereur ne se mit à table qu'à huit heures après avoir attendu son collègue de l'Institut pendant une heure.....Ampère avait oublié de venir "

Sans même parler des invraisemblances du récit, l'auteur aurait dû se souvenir qu'Ampère avait été élu à l'Académie des sciences le 28 novembre 1814, ce qu'il indique auparavant dans son texte. En outre, pas plus que l'auteur de l'ouvrage sur Napoléon auquel il dit emprunter l'anecdote, il n'a cherché à vérifier la présence de l'Empereur à l'Académie. Bonaparte élu membre résidant de la section des arts mécaniques de la 1ère classe de l'Institut National le 5 nivôse an VI (25 décembre 1797) vint assez souvent aux séances, la dernière fois le 21 fructidotr an X (8 septembre 1802). En revanche, Napoléon, Empereur, reçut les délégations de l'Institut mais ne vint jamais quai Conti, sans démissionner pour autant. Louis Domenach, dans son opuscule "Les distractions d'Ampère" avait déjà réfuté la légende! Mais celle-ci avait fait son chemin. Ainsi, on la retrouve sous la plume de Robert Chenevier p.278 du numéro du 7 mars 1936 de "L'Illustration" qui la propage dans le grand public et sous la plume érudite de Louis Mallez, bon connaisseur d'Ampère, p.78 et 79 de son ouvrage « A.-M. Ampère, professeur à Bourg, Lyon, 1935. »

Le savant Cosinus

Lit-on encore ces ancêtres de la bande dessinée que furent les œuvres de Christophe (Georges Colomb) ? Pour les gens de ma génération, le savant Cosinus est encore bien vivant, mais pour combien de temps ? Pour imaginer son personnage, Christophe, grand admirateur de Rodolphe Toepfer, est parti du savant Festus, créé par celui-ci, puis, selon Caradec aurait emprunté quelques traits à Henri Poincaré, son voisin et à d'autres savants comme Eleuthère Mascart. Il me semble s'être souvenu à plusieurs reprises de la légende d'Ampère et l'avoir transposée en plusieurs endroits :

- « Une distraction de Cosinus » où le savant « essuie consciencieusement le tableau noir avec son bel habit » et « plie soigneusement le torchon sur une chaise ».

- L' épisode où Cosinus venu consulter le dentiste Hilaire (Max) perd la notion du temps à la lecture de la Famille Fenouillard, se croit chez lui et fait les honneurs du salon d'attente.

- L'épisode « Cosinus est retrouvé » où le savant, se trompe d'étage dans son immeuble et devant ressortir endosse le manteau de Madame Belazor et se rend à la poste, coiffé du chapeau de sa voisine.

On ne prête qu'aux riches, dit la sagesse populaire. Lorsqu'il s'agit d'un génie aussi exceptionnel qu'Ampère, ne nous étonnons pas que la moisson des anas soit à la mesure du grand homme. Elle nous le rend plus proche, moins inaccessible et, s'il en était besoin, plus humain.

Vie et mésaventures du savant Cosinus
Le Petit Français Illustré, 27 janvier 1894


Notes:

(1) Autobiographie d'Ampère, Archives de l'Académie des Sciences, chemise 326.

(2) Arago : Eloge d'Ampère prononcé lors de la séance publique de l'Académie des Sciences le 21 août 1839.

(3) Claude Julien Bredin : Eloge funèbre lu à l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon en 1837.

(4) Pierre Larousse : GDU (Grand Dictionnaire Universel du XIX' siècle), article Ampère.

(5) Pierre Larousse : GDU, article distraction.

(6) Pierre Larousse : GDU, article naïveté.

(7) Lettre n°386 de mars 1824, p.645 de la Correspondance publiée par de Launay : « Mon bien cher ami, pardon, mille fois pardon de l'aventure du chapeau. Mais comment pouvais-je me douter que ce chapeau ne fût pas celui que j'avais en allant chez toi ? J'y vis le nom du chapelier qui me les fournissait tous autrefois ; j'ai trois ou quatre vieux chapeaux que je ne sais pas distinguer ; je te renvoie celui que j'ai rapporté de chez toi, à ce que je crois »

(8) Extrait du Journal de Bredin (1811), dont on trouvera l'extrait, pp. 123-124 dans « Quelques souvenirs de J. C. Bredin réunis par son petit-fils J. B. », Imprimerie Braham, 21, rue Caraman, Constantine 1926. La scène se passe en 1811 à l'Ecole Vétérinaire de Lyon que dirige Bredin. Ampère probablement en tournée d'inspection loge chez son ami. Méla est l'épouse de Bredin. Le repas réunit plusieurs des amis d'Ampère anciens membres de la Société chrétienne de 1803-1804. Louis Domenach avait rapporté l'anecdote dans son article: « Les distractions d'André Marie Ampère », Bulletin de la Société des Amis d'André Marie Ampère, n°21, 1964,

(9) Gaston Pinet : Histoire de l'Ecole Polytechnique, tome I, p.211. Ni la Bibliothèque Nationale, ni celle de l'Ecole ne possèdent d'exemplaire du Récréatif. On ne peut qu'espérer qu'il en soit conservé quelques uns dans les papiers familiaux des descendants des polytechniciens de cette époque.

(10) Etienne Jean Delécluze : Journal 1824 -1828, publié par Robert Baschet, Editions Bernard Grasset - Paris s.d. (vers 1935). La même anecdote figure dans la nécrologie d'Ampère publiée dans la Revue du Lyonnais, tome 3, 1836, p.508, mais en remplaçant Arago par Gay-Lussac.

(11) D'après H[enriette] C[heuvreux] : Journal et Correspondance d'André Marie Ampère, 1793 à 1805 ; 9ème édition, 1893, Ollendorff p. 311 ; (p. 274 dans la 4ème édition de 1872)

(11bis) Jean Daniel Colladon : Souvenirs et mémoires, Genève 1893, p. 123.

(12) Jarrin, qui avait été élève au collège communal de Bourg en Bresse avait été inspecté par Ampère en 1831. Il a donné ses souvenirs dans un article publié en 1872 aux Annales de l'Ain (pages 87 à 131) : "Ampère, membre de la Société d'émulation de l'Ain, Bourg sous le Consulat". Voir en particulier les pages 119 et 131.

(13) Louis de Launay, Correspondance du Grand Ampère, note de la lettre 440 bis, p. 956

(14) Revue Générale de l'électricité, 6ème année, novembre 1922, numéro spécial commémorant le centenaire des découvertes d'Ampère, article Ampère, sa vie par Henri Coquet, ingénieur ESE, p.65 à 74, voir pp.72-73

(15) L'Illustration, 94e année, n°4853, 7 mars 1936, p.278, Robert Chenevier : « André Marie Ampère, savant français ».

(16) Louis Mallez, pp.78 et 79 de son ouvrage « A.-M. Ampère, professeur à Bourg », Lyon, 1935.