La bibliothèque possède une série - presque complète - des albums de photographies des promotions, mais assez peu d'albums personnels d'élèves. Or, un amateur a proposé à la bibliothèque de lui vendre un album, créé par René Tessier, X 1897, qui retrace la vie de l'Ecole avec des clichés originaux.
La SABIX s'est portée acquéreur de ce document, pour le remettre aux archives.
Un libraire de livres anciens parisiens a trouvé, en achetant une bibliothèque ésotérique chez un particulier, deux volumes manuscrits qui étaient des cahiers de notes prises par l'élève Huet, X 1826, au cours de Cauchy, pour les années 1826 et 1827.
Il a signalé ces manuscrits à un spécialiste de Cauchy, qui a eu la bonne idée d'en faire part à la SABIX. Les manuscrits sont maintenant dans les archives de l'Ecole. Ils apportent un témoignage irremplaçable sur les cours de Cauchy, tels qu'ils ont réellement été professés.
Grâce à la SABIX qui a payé un vacataire, il a été possible de faire un nettoyage sommaire et un inventaire systématique des objets provenant du laboratoire de Gay-Lussac.
Certes, le travail n'est pas très précis et souvent l'inventaire se contente d'une description sommaire, plus littéraire que scientifique lorsque les étiquettes du contenu ont disparu ou se sont révélées illisibles. Mais désormais, les chercheurs intéressés disposent d'un premier outil descriptif utilisable.
Grâce à l'amitié et à l'efficacité de certains des membres de la Sabix ou des anciens élèves, les archives se sont enrichies de documents originaux sur la vie des promotions, par exemple une lettre fort intéressante sur la préparation d'une séance des cotes et des notes prises par l'élève Marcellin, X 1806.
Que tous ceux qui ont aidé la SABIX en donnant ou en signalant des documents intéressants soient ici remerciés.
Nos statuts ont prévu que les mandats à votre Conseil d'administration ne pourraient être reconduits qu'une seule fois, afin d'aménager un renouvellement constant et systématique à la tête de notre société. C'est en vertu de cette règle, fort sage, que nous avons, cette année, à faire face à un changement important dans le Conseil, puisque près de la moitié des administrateurs - dont moi-même - ne sont pas rééligibles ; je vais donc dans quelques moments, transmettre à celui qu'élira le nouveau Conseil la présidence de la SABIX. En même temps que le rapport moral statutaire, c'est donc un compte-rendu final de mandat que j'ai à vous présenter.
Au fil des six années écoulées depuis son lancement nous avons progressivement donné consistance, mes collègues du Conseil et moi, à cette idée qu'avaient lancée le président Esambert et Maurice Bernard, alors directeur de l'enseignement et de la recherche, de constituer, à l'exemple d'autres institutions, une société des amis qui soit un instrument utile à la disposition de la Bibliothèque de l'Ecole d'une part, et de ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'Ecole d'autre part. Je vais rappeler, dans le présent rapport, quelles ont été, concrètement nos formes d'action, mais je voudrais au préalable, évoquer le souvenir de trois amis illustres de notre société dont le décès nous a touchés cette année : Pierre Guillaumat, Jean Hamburger et le Général Cazelles.
Tous trois figuraient parmi les parrains que nous avions sollicités au moment de la création de la SABIX, pour qu'ils appuient l'action de celle-ci de leur autorité morale. Pierre Guillaumat et Jean Hamburger faisaient partie de notre Comité d'Honneur, le Général Cazelles était entré à notre Conseil. Ils avaient accepté d'enthousiasme de soutenir notre projet, et le Général Cazelles a été constamment fidèle à nos réunions du Conseil qu'il a éclairés de sa sagesse et de sa prudence. Guillaumat et Cazelles, l'un ancien président du Conseil de l'Ecole, l'autre ancien commandant de l'Ecole, étaient profondément attachés à celle-ci ; ils en connaissaient bien les qualités et les défauts, et ils se souciaient avant tout, plutôt que d'un vain prestige, de lui voir donner au pays des serviteurs compétents et dévoués. Ils ont estimé que la SABIX pouvait et devait, elle aussi, dans sa spécificité propre, concourir utilement à la mission de l'Ecole. Nous leur étions reconnaissants de leurs encouragements, et nous regrettons leur perte. Je pense que nous n'avions pas déçu leur attente, et qu'ils ont approuvé l'action de notre Société, dont je vais maintenant rendre compte.
Le signe le plus apparent, le plus visible, de l'activité de la SABIX, c'est son Bulletin, dont nous assurons le service à tous nos membres. Chaque numéro était consacré jusqu'ici à l'édition de travaux tirés du fonds d'archives de l'Ecole ; nous en sommes actuellement au n° 8, de décembre 1991. Par la qualité de ses articles, ce Bulletin a acquis une respectabilité certaine ; il mériterait de prendre place sinon dans les périodiques - nous avons trop peu d'adhérents pour justifier cette ambition - au moins dans les séries publiées régulièrement et répertoriées à ce titre, ce qui nous vaudrait d'ailleurs l'adhésion à la SABIX d'institutions ou de bibliothèques qui voudraient en garder la collection. Je pense que le nouveau Conseil se penchera sur cette question, qui est liée d'ailleurs à un autre problème important, celui de l'édition de documents historiques ou d'actes de colloques, imprimés par les presses de l'Ecole, parus ou à paraître sous le sigle SABIX.
Déjà, l'édition du colloque international de décembre 1989 qui s'est tenu à l'Ecole "Lavoisier et la révolution chimique", va sortir ces prochains jours, sous notre sigle. Ce sera une opération qui nous vaudra un renom certain parmi les historiens des sciences, et qui, je le dis incidemment, sera équilibrée sur le plan financier. D'autres projets attendent : manuscrits importants et encore inconnus, tels que "Le progrès économique", un ouvrage d'économie politique de Freycinet ; ou encore actes du colloque qui va se tenir en février 1993 sur l'histoire de la formation polytechnicienne. Disposant d'une imprimerie de très grande qualité, nous pourrions ambitionner, à l'exemple des universités anglo-saxonnes, de sortir des presses de l'Ecole, sous notre patronage, une série historique qui s'ajouterait aux séries scientifiques qu'elles éditent déjà. Présenter et diffuser les meilleures pièces du fonds de notre bibliothèque, n'est ce pas une mission première de notre Société ?
Autre mission, toute naturelle : aider à l'enrichissement de ce fonds ; la SABIX a connu sur ce plan un certain succès ; grâce à nos ressources propres, pour des achats modestes, ou à la contribution de généreux mécènes pour les opérations importantes, nous avons pu entretenir un apport constant de manuscrits ou d'ouvrages anciens qui trouvent leur place logique dans notre bibliothèque. L'opération la plus spectaculaire de cette année est l'acquisition des archives de Prieur de la Côte d'Or - un des pères fondateurs, malheureusement un peu méconnu, de l'Ecole polytechnique. Un lot très important, comprenant surtout les archives sur la création du système métrique et les papiers personnels de Prieur, a été acquis par l'UAP et confié par celle-ci à la garde de la Bibliothèque ; un second lot de papiers Prieur concernant directement les origines de l'Ecole, en 1794-1795, a été acheté grâce à une généreuse subvention de l'AX.
Mais nous connaissons aussi, en marge de ces acquisitions importantes, un flux assez constant de dons, cours anciens de l'Ecole, manuscrits intéressants, dossiers d'anciens élèves, que nous sommes très heureux d'accueillir, d'autant que le service des archives, depuis sa rénovation il y a cinq ans, est en mesure, par son répertoire et son classement, de rendre ces documents facilement accessibles aux chercheurs.
Pour entretenir et encourager cet apport bénévole, il est important de faire toujours mieux connaître la SABIX dans le milieu des anciens polytechniciens ; le canal le plus naturel est celui de l'AX et de sa revue, la Jaune et la Rouge. Nous avons trouvé jusqu'ici le meilleur accueil à la Jaune et la Rouge, et le soutien généreux de l'AX (je le rappelais encore à propos des papiers Prieur) ne nous a jamais fait défaut. Que l'AX veuille bien recevoir ici le tribut de notre reconnaissance.
Je rappelle, en passant, que toutes ces acquisitions, livres, manuscrits ou autres, sont remis en pleine propriété à la Bibliothèque de l'Ecole, que la SABIX n'a constitué aucun fonds propre et ne retient rien pour elle.
Mais la Bibliothèque n'est pas seulement un dépôt, un conservatoire du patrimoine ; c'est un lieu de vie, un lieu de vie de l'Ecole, autour duquel s'organisent toutes les actions où se manifeste un intérêt pour l'histoire de l'Ecole elle-même, pour l'histoire des sciences qui y sont intégrées, pour l'histoire des savants qui y ont exercé. Depuis deux ans se réunit un séminaire d'histoire de l'Ecole, animé par Mme Dahan, maître de conférences, qui connaît un succès certain. La Bibliothèque s'y intéresse naturellement et lui apporte, quand nécessaire, son appui. Il en est de même pour la SABIX qui proposera sans doute de publier, comme je l'évoquais plus haut, les actes du colloque qui aura lieu en février 1993.
Nous nous associons aussi, pour les faciliter dans la mesure de nos moyens, à l'acheminement de deux ouvrages mis en chantier par la Bibliothèque et qui seront des outils privilégiés de cette "vie de l'histoire".
Le premier, déjà évoqué dans nos rapports des années antérieures, est la transcription du premier registre de l'Ecole, de 1794 à 1799 qui a été entreprise, à partir du manuscrit, grâce à l'activité inlassable et généreuse de notre ami le colonel Dooley, adjoint du commandant du Virginia Military Institute, aux USA. Cette dernière école est une soeur cadette de Polytechnique ; notre bulletin n° 6 a conté l'histoire de ses origines, et des relations très suivies se sont développées ces dernières années entre les élèves et les états-majors de nos deux Ecoles.
Le colonel Dooley, qui s'est pris d'affection pour nos grands ancêtres fondateurs, a copié, sur support informatique, ce premier registre et nous a fait le don généreux du temps considérable qu'il a consacré à cette tâche ; de ce côté-ci de l'Atlantique, la SABIX assiste la Bibliothèque à la recension de la transcription et à la dernière mise au point pour une présentation typographique commode sur support papier ; la tâche, un peu retardée ces derniers temps, doit aboutir bientôt, avec, bien sûr, l'indispensable index des noms de personnes citées dans le registre.
Le second, très attendu par les chercheurs et les historiens, est l'édition informatique de l'annuaire complet de tous les anciens élèves, depuis 1794. Une première édition avait été faite par l'AX il y a quelques années ; la Bibliothèque reprend le travail sur de nouvelles bases : la SABIX est prête à l'y assister.
Les travaux pour la vie de l'histoire à l'Ecole sont aussi autant de pierres d'attente que nous avons posées en prévision du prochain bicentenaire de l'Ecole, dont les principales manifestations sont déjà en préparation. Quelle place y tiendra la SABIX ? Ce n'est pas encore déterminé. Le Conseil et son nouveau président auront à le prévoir dans les prochains mois. Ce sera assurément une de leurs principales préoccupations.
Enfin, en quittant mes fonctions de président, il est normal que j'exprime mes remerciements à tous ceux qui m'ont si amicalement conseillé et soutenu pendant les six ans de mon mandat. A mon ami Pasquet d'abord, qui a si efficacement assuré la liaison avec l'AX, laquelle, je le rappelais, doit rester notre premier parrain ; à Maurice Bernard, toujours plein de bonnes idées et initiateur de la belle opération sur les archives de Prieur de la Côte d'Or ; à Ink, délégué général de la Fondation de Polytechnique, auprès de laquelle il a soutenu nos demandes d'aide pour la Bibliothèque, en particulier pour l'importante opération de rénovation de la "Description de l'Egypte", un des fleurons de la Bibliothèque ; à Mademoiselle Carpentier, dont j'avais tant apprécié l'amicale collaboration quand nous étions tous deux, elle et moi, à l'Ecole ; à mon ami Cachin qui nous avise avec vigilance de toutes les ventes intéressantes qu'il détecte dans les catalogues.
Enfin, last but not least, au secrétaire général de la SABIX auquel la modification de nos statuts va donner la fonction, sinon le titre, de "secrétaire perpétuel" : Madame Masson, notre conservateur, grâce à qui la SABIX, Société des Amis, est associée constamment aux progrès de cette Bibliothèque qu'elle dirige avec une si remarquable maîtrise. Et, à travers Madame Masson, nous remercierons enfin chaleureusement le personnel de la Bibliothèque, et notamment Madame Durousseau au secrétariat et Mademoiselle Billoux, au service des archives, pour leur inlassable dévouement et pour l'amitié donnée à la "Société des Amis", amitié qu'elle leur rend bien cordialement.