Citation de Janis Langins, "La République avait besoin de savants", Belin, 1987 :
Le « Newton français » est né en Normandie dans une famille d'agriculteurs aisés et déjà avant la Révolution il avait conquis une place centrale dans la science française. Il établit sa réputation surtout dans le domaine de la théorie des probabilités et de la mécanique céleste (cette dernière expression est due à Laplace lui-même), mais il collabora aussi avec Lavoisier en faisant des expériences sur la chaleur et, vers la fin de sa vie, il s'occupera de plus en plus de physique (problèmes de capillarité, vitesse du son, optique corpusculaire de Newton). Il souffrit une sorte de disgrâce pendant la Révolution (il fut chassé de son poste d'examinateur des élèves d'artillerie et de la Commission des Poids et Mesures), mais se montra très habile politiquement sous le Directoire, le Consulat (où il fut pendant quelques semaines Ministre de l'Intérieur), l'Empire (il devint, comme Monge, sénateur et comte) et la Restauration, qui le nommera marquis. Toujours froid et parfois même hostile dans ses relations avec Monge, Laplace n'a eu aucun rôle dans la fondation de l'Ecole polytechnique. C'est seulement un peu plus tard, comme examinateur des élèves sortants, puis, sous le Consulat, comme membre du Conseil de Perfectionnement de l'Ecole, que Laplace exercera une influence très sensible sur l'évolution ultérieure de l'Ecole. Théodore Olivier parlera même d'une transformation de l'« Ecole de Monge » en « Ecole de Laplace » après la Restauration. Les meilleures sources de renseignements sur Laplace sont Henri ANDOYER, L'Oeuvre scientifique de Laplace, Paris, 1922, et l'article très long sous la direction de C.C. GILLISPIE dans le Dictionary of Scientific Biography, t. 15 (Supplément I). |