Acheter ce bulletin pour 25 € + 3 € de frais de port (France et Europe) :

Frais de port inclus pour l'Europe. Pour une expédition hors d'Europe, le prix est de 35 € incluant 10 € de frais de port : payez sur la boutique Sabix.




Bulletin n° 69

Des polytechniciens au coeur d'une expédition australienne

Ce numéro comporte 212 pages.

Contenu du numéro :

  • Editorial :
    Polytechniciens en exploration en Nouvelle-Hollande et ailleurs
    par Christian Marbach

  • Avant-propos
    Un bulletin retardé sur une expédition aventureuse
    par Marie-Christine Thooris

  • I. L'expédition

    • L'expédition Baudin
      par Alain Brachon

    • L'exemplaire de « Voyage de découverte au terres australes » conservé à l'Ecole polytechnique
      par Marie-Christine Thooris
  • II. Les acteurs du voyage de découverte

    • Les acteurs du voyage de découverte
      par François Péron.

    • L'émergence d'un savant au début du XIXe siècle
      par Alain Pétiniot

    • Baudin - Péron . Deux visions du monde ?
      par Martine Marin

    • Dessiner pour transmettre
      par Gabrielle Baglione

    • The hydrographical work of Charles Boullanger and Pierre Faure, engineer-geographers of the Baudin expédition
      par Dany Bréelle

    • Les naturalistes du voyage de découverte du capitaine Baudin :
      contexte, présentation et bilan scientifique
      par Michel Jangoux
  • III. Présence polytechnicienne

    • Les polytechniciens de l'expédition
      par Alain Brachon

    • Les géographes polytechniciens de l'expédition Baudin et la cartographie des côtes australes
      par Dany Bréelle

    • Deux géologues français en Nouvelle-Hollande (Australie) : Louis Depuch et Charles Bailly, membres de l'expédition Baudin (1801-1803)
      par Wolf Mayer
  • IV. Suites de l'expédition Baudin

    • Index des noms donnés aux côtes de la Nouvelle-Hollande (Australie) par l'expédition Baudin, de 1801 à 1803
      par Maurice Sarazin

    • L'approche océanique et indo-pacifique de Charles-Pierre Claret de Fleurieu et François Pérou
      par Dany Bréelle

    • L'impact des voyages circumterrestres de la marine à voile (1815-1850) à l'Ecole polytechnique. Contributions polytechniciennes, collections de la bibliothèque, programmes scolaires
      par Olivier Azzola

    • Charles-Alexandre Lesueur : de l'histoire à la bande dessinée et au film
      par Ritsert Rinsma

    Biographies des auteurs



Editorial

par Christian Marbach

Polytechniciens en exploration en Nouvelle-Hollande et ailleurs

Je les présente, en recopiant fidèlement le registre de l'École polytechnique:

  • Joseph Charles Bailly, X 1796, né en 1777 à Nancy
  • Hyacinthe de Bougainville, X 1799, né à en 1781 à Brest
  • Charles Pierre Boullanger, X 1794, né en en 1772 à Paris
  • Pierre Ange Faure, X 1795, né en 1778 à Nantes
  • Jean-Marie Maurouard, X 1795, né en 1772 à Caen
  • Charles Louis Moreau, X 1794, né en 1780 au Cap-Français (île de Saint-Domingue).

    Ils vont connaître l'aventure. Voulue par curiosité et ambition. Espérée, trop ? Redoutée, pas assez ? Raconterons-nous une première version de « l'Ile au trésor » ? Avec ses merveilles et ses périls? Avec ses préparatifs minutieux dont la vanité apparaitra très vite?

    Mais ils vont aborder cette aventure avec un bagage peu banal pour l'époque. D'incontestables compétences dans des sciences qu'on ne qualifiait pas encore de dures, des méthodes de travail rodées par un parcours scolaire sérieux, une volonté et une ambition juvéniles.

    On pouvait difficilement qualifier des X tout jeunes de « professionnels de l'exploration », même si un même élan les poussa à embarquer sur le Géographe ou le Naturaliste direction la Nouvelle-Hollande. Mais professionnels, ils l'étaient. Professionnels d'un certain savoir : polytechniciens, ils appartenaient à une communauté de formation scientifique sélectionnée selon leur mérite. Et attirés par le service de la science comme de leur pays.

    L'aventure, c'est l'aventure

    J'ai le souvenir d'avoir écouté Isabelle Autissier en 2000, quand elle fut invitée par l'ambassade d'Australie à raconter et commenter en toute liberté ce voyage, quel voyage ! Avec sa propre expérience de navigatrice confirmée qui avait éprouvé joies et peurs sur toutes les mers du globe, elle rappela évidemment les similitudes de leur expérience et des siennes, leur détermination ressemblait certes à la sienne. Elle pouvait plaquer les mêmes images sur les mots de tempêtes, de baleines, d'écueils et de solitude. Mais que de différences aussi, qu'elle détailla pour mieux nous prouver son admiration : pour eux, pas de carte impeccablement précise, pas de GPS ou de balise Argos, pas de prévisions météo envoyées en permanence par une équipe d'accompagnement, pas de nourriture calculée et conditionnée par des experts en diététique, pas d'eau à volonté mais souvent la soif au milieu d'un océan sans limites, pas d'appel possible par satellite en cas de blessure ou de chavirage, pas d'avions, hélicoptères, ou rapides avisos pour venir repérer et récupérer le ou les marins en détresse, comme ce fut le cas pour la sauver elle-même...

    Quand nos jeunes X embarquent au Havre sur l'un des deux navires placés sous le commandement de l'initiateur de ce voyage, Nicolas Baudin, ils savent qu'ils partent vers l'inconnu. Pour faire comme Papa, dans le cas de Hyacinthe de Bougainville, sans doute le plus averti des choses de la mer par les récits de son père, l'illustre réalisateur d'un tour du monde en 1768 et 69 ? Ou pour imiter des X à peine plus âgés qu'eux qui racontaient avec entrain ces années de labeur et d'exaltation passées en Egypte? Ou pour jauger leur propre capacité de caractère ou d'endurance? Ou simplement pour avoir de la mer une autre image que celle qu'ils admiraient de la côte depuis l'enfance?

    Depuis la création de notre École en 1794, et pendant plus de deux cents ans, de très nombreux polytechniciens ont ainsi choisi de consacrer des mois ou des années à la passion de voyages menés à la découverte de régions qu'ils ne connaissaient pas. Les océans les invitaient à débarquer sur une terre qualifiée de nouvelle, et c'est bien leur ignorance plus que leurs connaissances qui les attirait vers cette terra incognita.

    Accepter l'aventure, ou même la rechercher, c'est donc être prêt à affronter bien des situations, souvent imprévisibles, dont la succession n'a souvent rien à voir avec les longues chaînes de raison que vous avez maîtrisées lors des examens d'entrée dans votre belle Ecole. Nos six apprentis marins partis vers la Nouvelle-Hollande s'en doutaient. Mais ils étaient aussi certains qu'ils maîtrisaient assez de savoirs pour voguer vers cet « ailleurs », quitte à emprunter des chemins inconnus. Et ils le comprirent vite, comme le firent ou le feront plus tard tous leurs camarades de tout âge que l'on peut qualifier d'explorateurs, voyageurs, découvreurs, prospecteurs.

    Aux quarante X partis découvrir et décrire l'Egypte en 1798, à Bailly, Bougainville, Boulanger, Faure, Maurouard et Moreau, on peut en effet ajouter de nombreux polytechniciens méritant le qualificatif d'aventurier, par désir ou par obligation. Par exemple Arago 1803 et Biot 1794 parcourant la Méditerranée pour affiner les calculs du méridien. Bravais 1829 naviguant sur la « Recherche » au secours de la « Lilloise », autour du Spitzberg, Lambert 1810 en quête de filons miniers au Chili, Doudart de Lagrée 1842 explorant le bassin du Mékong et y décédant, Vincendon-Dumoulin 1831 au service de Dumont d'Urville en Antarctique, Kreitmann 1870 transportant son carnet de notes et son appareillage photographique dans un Japon s'ouvrant aux étrangers, Roche 1872 parti avec Flatters pour évaluer les trajets possibles d'un chemin de fer transsaharien, lui aussi mourra dans cette expédition de reconnaissance, Willm 1945 plongeant avec son bathyscaphe 4000 mètres sous la mer, ou Bauer 1936 partant vers toutes les zones glacières du monde, ou Clervoy 1978 s'envolant dans l'espace. Tous, parmi bien d'autres, des hommes de savoir désireux d'aborder des rivages sans être certain que leur savoir leur apporterait toutes les réponses à toutes les questions qui se présenteraient à eux.

    Eloge du savoir acquis

    De leur savoir, dira leur camarade Auguste Comte dans sa classification rationnelle des sciences, la pierre angulaire est constituée par les mathématiques.

    Si nos six jeunes gens ont été choisis pour accompagner Nicolas Baudin, Emmanuel Hamelin et François Péron, ou bien ont réussi par habileté à se faire inscrire sur les rôles des équipages du « Voyage de découverte », c'est d'abord parce qu'ils pouvaient afficher des connaissances qui seraient utiles à l'expédition. On attendra d'eux comme de leurs successeurs en recherche d'« ailleurs », qu'ils sachent manier règle et compas, mesurer et calculer des distances et des angles, fournir avec précision compte-rendu et croquis, reconnaître les étoiles et les cailloux. Organiser leur travail et faire la preuve de leur mémoire supposée exceptionnelle. Accepter avec humilité de se mettre à la disposition de la vingtaine de « savants » entassées sur le Géographe ou le Naturaliste, avant de souvent mériter cette qualification par leur contribution. Ne pas limiter leur assistance à la géométrie ou la cartographie, mais aussi à la géologie ou la botanique. A l'occasion utiliser leur savoir pour aménager des outils ou des machines. Parfois aussi participer à la gestion de l'expédition et devenir membre de l'état-major des bateaux où ils sont embarqués.

    Laissez-moi raconter à ce sujet un souvenir personnel, datant de 1950 ou 51. Comme bien des élèves du collège de Longwy, je m'étais rendu dans la grande-salle de fêtes de la ville écouter une conférence de Louis Lachenal sur la conquête de l'Annapurna, « premier 8000 ». Le conférencier sut rendre hommage à tous les participants, du chef de l'expédition Maurice Herzog aux sherpas. Je pourrais encore citer les noms des alpinistes français. En voici un, Jean Couzy, X 1942. Lachenal eut des mots admiratifs pour cet excellent grimpeur, toujours disponible. « En plus, nous l'avions chargé de compter les boîtes de conserve et d'en gérer le stock, car nous avions confiance en ses qualités de polytechnicien ».

    C'est certainement à cette occasion que j'appris ce qu'étaient, ou devraient être les polytechniciens pour mériter l'estime de leurs concitoyens : d'abord des individus capables de compter car ils ont l'indispensable bosse des maths. Nous retrouvons ici Auguste Comte 1814.

    Joies et embarras des voyages organisés

    Mais s'ils sont heureux de résoudre des équations ou d'améliorer un objet car ils maîtrisent certaines lois de la mécanique, en France ou en Nouvelle-Hollande, il leur arrive aussi de cultiver la curiosité dans bien d'autres domaines. Elle les poussera à améliorer notre connaissance et notre compréhension du monde. A perfectionner sa description, découvrir ou préciser les lois qui régissent la nature et le vivant, le passé et le présent, l'infiniment petit et l'infiniment grand.

    Au début du XIXe siècle, le même individu pouvait encore effleurer ou maîtriser de nombreux domaines, et bien des X de cette époque ont témoigné de cette boulimie de curiosité, de vigilance, d'efficacité, accumulant les « découvertes » dans de multiples domaines. Mais c'est aussi à cette époque que l'on voit se multiplier des approches plus collectives: une autorité supérieure rassemblait plusieurs savants, pour constituer une véritable brigade encyclopédique de la connaissance, et l'on retrouve toujours de nombreux X dans les groupes ou commissions alors chargés par la France d'une mission de large ambition.

    L'expédition en Egypte fut un modèle magnifique de cette ouverture d'esprit, organisée, gérée, productive et enfin relatée avec soin. Son succès scientifique effacera pour notre histoire l'échec militaire et politique. Son approche à grand angle dont l'ouvrage précisément titré « Description de l'Egypte » en témoignera avec une virtuosité qui ravit les bibliophiles. Bravo et merci, Jomard, X 1794 !

    A ce premier voyage de découverte succédait donc l'expédition Baudin vers l'Australie en 1800, de nombreuses autres expéditions marines au contenu scientifique fort, et on trouve souvent Tupinier 1794 comme organisateur au ministère de la marine et d'autres X dans l'équipage.

    Mais on peut aussi citer des « voyages organisés » terrestres porteurs de la même ambition du travail collectif, comme celui réalisé en Morée en 1825. Il avait été lancé à l'occasion du soutien français aux guerres d'indépendance de la Grèce. Son responsable en fut Bory de Saint-Vincent, un savant de l'expédition Baudin, un des nombreux voyageurs en Nouvelle-Hollande repartis ensuite dans d'autres aventures, comme les deux frères Freycinet, Bougainville Junior, ou le dessinateur Lesueur.

    Partant plus à l'Est, nous pouvons apercevoir des X en mission de groupe en Crimée et en Russie méridionale aux côtés de Le Play 1825 embauché par le prince Demidoff en 1837, avec comme objectifs la connaissance des populations mais aussi la création d'entreprises. Et vers l'Ouest, pendant la calamiteuse expédition au Mexique voici Doutrelaine 1839 chargé par Napoléon III, en 1865, d'une Commission dont le cahier des charges se voulait la copie de celui de Bonaparte en Egypte: de l'archéologie à la recherche minière, du relevé des rivières au décompte des populations.

    Plus tard, l'exploration de domaines dont on veut améliorer la description et la compréhension conduira souvent les autorités à regrouper des experts des disciplines jugées pertinentes pour cet objectif, ou cohérentes avec les capacités de leurs experts, en vulcanologie ou en archéologie. Parfois aussi, à leur indiquer des priorités, scientifiques, stratégiques, politiques, dans la lignée des instructions données aux responsables des expéditions maritimes.

    Il y a une vingtaine d'années, j'ai été amené à éplucher au Muséum d'histoire naturelle un dossier consacré à la préparation du voyage autour du monde effectué en 1824 sous les ordres de Hyacinthe de Bougainville. Lors de sa participation à l'expédition Baudin, ce jeune homme avait beaucoup appris, notamment sur les contraintes de la discipline en mer. Ses états de service, ensuite brillants et son nom le firent désigner pour conduire la Thétis autour du monde. Il le fit vers l'Est contrairement à ce qu'avait fait son père un demi-siècle auparavant.

    Il reçut de Clermont-Tonnerre 1799, un autre X de sa promotion alors ministre de la Marine, des instructions politiques approuvées par le roi. Et de Cuvier des instructions scientifiques dont certains paragraphes me semblèrent bien étonnants.

    A cette époque, le grand Cuvier disposait d'un pouvoir peu contesté sur bien des thèmes de recherche et sur leurs exécutants. Une de ses exigences de 1824 concernait les wombats, des marsupiaux se la taille des moutons dont on disait la chair appétissante. Il fallait en ramener assez pour en tenter l'élevage en France.

    Baudin avait reçu des demandes du même ordre, concernant wallabies et cygnes noirs, pour la distraction et l'éducation des visiteurs de la Malmaison.

    Entasser des bêtes dans un navire, et pour cette raison réduire encore davantage la place dévolue aux « savants » fut par eux mal compris ! Il est évident que cette exigence, qui ne pèsera sur les voyageurs que sur la route du retour, ne fut pas la seule raison de la déplorable ambiance qui régnait sur les navires de l'expédition. Elle connut aussi son lot de tempêtes, maladies, inadaptation de la plupart des savants à la vie en mer, nombreux problèmes de santé, encore plus de problèmes de jalousies. Presque toutes les expéditions de ce type connurent ce genre de difficultés, auxquelles s'ajoutaient souvent l'insécurité des périodes de conflits militaires, ou la crainte des pirates. Et le comportement de Baudin lui-même, jugé à la fois trop autoritaire et fluctuant, conduisit à une sorte d'application d'un droit de réserve. L'expédition vit alors la moitié de l'effectif des scientifiques quitter les navires lors des escales en Afrique méridionale ou à l'Ile de France, aujourd'hui île Maurice.

    Les conséquences n'en furent pas toutes fâcheuses, notamment pour notre groupe des Six : les modifications alors survenues dans les équipages offrirent alors aux jeunes polytechniciens de nouvelles opportunités pour se montrer indispensables dans le domaine scientifique comme dans celui de l'encadrement. La montée en grade de François Péron, comme celle du dessinateur Lesueur, furent également très bénéfiques.

    Des bons sauvages?

    Quand Baudin, ou Péron, ou leurs collègues partent vers la Nouvelle-Hollande, ils savent que ce territoire, dont on ignore encore s'il s'agissait d'un archipel ou d'un continent était habité. Ils avaient lu les rapports de voyage de Bougainville Senior et toutes les conclusions qu'en ont tirées Diderot et Rousseau. Et s'ils ont été informés de la mort affreuse subie par Cook dans une île du Pacifique, ils ignorent pour quelles raisons la France n'a pas reçu de nouvelles de La Pérouse depuis son passage en Australie en 1788.

    Alors, comment vont-ils être reçus par des autochtones? Comment donc se comporter? Comment les considérer? Comment les étudier? Comme des sujets d'analyse pour Cuvier qui, dans l'instruction donnée à Bougainville Junior dont j'ai déjà parlé, lui demandera, en 1824, de ne pas oublier de lui apporter des crânes des habitants pour en étudier les dimensions et les particularités?

    Ou des humains à civiliser? Cette question ne se posait sans doute pas en 1800, et il n'était pas vraiment envisagé d'apporter à ces hommes et femmes les fruits d'un savoir européen se prétendant la source de toutes les Lumières. Ni, a fortiori, d'envisager des échanges culturels à grande échelle.

    Alors, commençons à les compter. En Egypte, déjà, Chabrol 1794 se lança dans des calculs statistiques et démographiques. Et avec plus de méthode. Le Play le fera en Russie, ce qui le conduira plus tard à poser les bases de la sociologie. Mais la lecture des rapports de voyage de Baudin, Freycinet ou Péron ne traduit pas un empressement évident pour exprimer des observations sur les habitants qu'ils vont « découvrir » en Nouvelle-Hollande. Comment les appeler d'ailleurs? Sauvages? Indigènes? Locaux? Natifs? Autochtones? Aborigènes? Primitifs?

    Avouons-le avec quelques regrets : nos six polytechniciens sont également peu bavards sur ce sujet. Pourtant, ils ont certainement vécu des moments leur suggérant des jugements sur ces peuplades si différentes des tribus d'Europe. Alors, pour restituer leurs sentiments il faut se contenter de regarder, et d'admirer les croquis des dessinateurs de l'expédition, Lesueur et surtout Petit. On y devine la curiosité, mais sans l'obsession irrespectueuse et pittoresque. La mère qui porte son enfant est regardée, et représentée avec une tendresse qui reproduit la sienne face à son petit.

    Nous savons comment furent ensuite traitées ces populations, et cela nous conduit, en ajoutant au pur récit historique un jugement s'appuyant sur des critères modernes, à porter un jugement sévère sur ce genre d'expédition à cause de leurs conséquences effectives. Les petits javelots que le dessinateur Petit place dans les mains de guerriers nus ne leur serviront à rien contre les fusils. La France, si elle avait avec ténacité contrecarré les ambitions britanniques comme y rêva Bonaparte pendant quelques mois, aurait-elle été plus respectueuse des hommes et des femmes qui habitaient dans ces contrées? Ou aurait-elle aussi manifesté avec méthode et brutalité le mépris de leur culture, le déni de tous leurs droits, pratiqué l'éloignement des zones que confisqueront les maîtres britanniques et les bagnards irlandais en allant jusqu'à justifier ce vol par l'absence de tout cadastre et donc la doctrine juridique du res nullius ? Aurait-elle aussi renvoyé dans le bush hostile tous les récalcitrants avant d'enfermer les derniers survivants de cette chasse dans des réserves.

    Comme les X de l'expédition Baudin, tous leurs successeurs partis dans des terres lointaines ont eu à répondre aux mêmes questions. Quelles attitudes adopter dans le regard, la représentation, la prospection, la conquête, la colonisation, la mise en valeur par l'investissement, la réflexion sur le futur des natifs? Et aussi, pour les plus lucides, à répondre à cette interrogation : quelle est la légitimité des choix qu'ils vont eux-mêmes proposer, adopter, imposer, et peu souvent réfuter avant de refuser.

    Un tel sujet mérite plus que quelques brefs paragraphes d'une préface. Mais son importance est telle que je vais me permettre de l'illustrer ici par quelques noms.

    Le regard et la représentation

    La curiosité culturelle dont firent preuve les X partant en voyage de découverte fut en général plus réelle que celle de nos six marins. Elle est garante de leur volonté de regarder les terres abordées avec attention, et sans se limiter aux domaines correspondant aux priorités imposées ou aux disciplines maîtrisées. Les X voyageurs ont donc en général observé populations et modes de vie, habitats et monuments, et souvent ces quatre domaines simultanément. Si les X partis en Australie auraient peu compris qu'on les incite à des recherches archéologiques, ce ne fut pas le cas de leurs aînés « égyptiens ». Ils se montrèrent attentifs à l'histoire et donc à l'archéologie ou au déchiffrage des langues anciennes, et on retrouvera cette préoccupation chez Doudart de Langrée admirant les temples d'Angkor, ou Dieulafoy 1863 qui rapportera du Moyen-Orient pour le Louvre des merveilles du palais de Suse. Quand Faidherbe 1838 exerce des responsabilités au Sénégal, il travaille sur les langues vermiculaires puis, gouverneur en Algérie, sur les sites anciens.

    Pour diffuser leur connaissance ainsi acquise, ils multiplient les écrits, ou participent avec ardeur à la réalisation d'ouvrages qui feront date. Notre Ecole a bien raison d'être fière de détenir dans sa bibliothèque de nombreux et superbes témoignages de cette volonté de partager savoir et beauté.

    Les X, souvent excellents dessinateurs et toujours intéressés par le travail des artistes qui les accompagnaient, comme l'incomparable Lesueur, ou ceux, pas toujours les mêmes, qui prépareront les dessins définitifs qui seront imprimés pour illustrer leurs textes. Plus tard, ils ont aussi su tirer profit des nouvelles technologies de représentation, même quand leur utilisation était alors très exigeante. Quand Kreitmann parcourt le Japon où il a été envoyé pour enseigner l'artillerie moderne aux officiers de l'ère Meiji, il prend des photographies. Et un autre militaire, Busy 1895, se met en Indochine à la disposition d'Albert Kahn, pour contribuer à la fabrication de ses ambitieuses « Archives de la planète ».

    La prospection et l'exploitation

    La ruée vers l'or a été un motif continuel de voyage vers des terres inconnues. A la suite de Bailly et de son compagnon Delpuch, qui fut élève de Dolomieu à l'École des mines, de nombreux polytechniciens ont participé à des opérations de prospection dans des territoires inhospitaliers. La première idée qui vient alors à l'esprit est celle de la prospection minière très longtemps chère à tous les polytechniciens du corps des mines. Ce pouvait être pour fonder leur propre entreprise, comme Dissandes de Monlevade, 1809, qui partit au Brésil, y créa une entreprise sidérurgique et donna son nom à une ville aujourd'hui très importante. Ou, quand il fallait réunir des capitaux importants ou collaborer à une volonté politique, pour découvrir des gisements d'hydrocarbures et les exploiter avec les technologies les plus modernes, dans les sables sahariens ou au fond des mers.

    Cet esprit d'entreprise se retrouvera dans d'autres domaines de la vie industrielle ou agricole: Marey-Monge 1814, petit-fils du fondateur de l'École réimplanta la vigne en Algérie et de nombreux polytechniciens furent impliqués dans les diverses tentatives du percement du canal de Suez, mais aussi ceux de Corinthe ou de Panama.

    La conquête et la colonisation

    Aujourd'hui, vous pourrez trouver des historiens pour considérer comme illégitimes les travaux de repérage menés au Sahara pour y installer la voie ferrée d'un éventuel Transsaharien. N'était-ce pas l'expression d'une volonté de domination? Mais qu'en pensait le jeune Roche, qui fut appelé à participer à cette mission voulue notamment par un ministre, Freycinet 1846, neveu de l'un des aspirants de Baudin ? Auprès du chef de mission, Flatters, Roche avait été chargé de travaux de cartographie et de géologie, et eut certainement pour sa part l'impression de tout à la fois faire oeuvre utile et vivre une aventure passionnante. On sait que sa fin fut tragique, puisqu'il périt avec son imprudent chef, tué par des Touaregs hostiles.

    Roche est un exemple, parmi d'autres, de la fréquente coexistence des volontés de conquête et de développement.

    Commencée avec l'extension du commerce maritime, la volonté de le sécuriser, celle de disposer de ports puis de bases, puis de se rendre maître de territoires potentiellement riches en concurrence avec d'autres nations, la politique française de conquête s'est surtout affirmée au XIXe siècle. Mais la période de l'Empire est singulière à cet égard : les ambitions affichées par Napoléon en Egypte puis en Australie firent long feu et il y renonça bien vite, de même qu'il préféra vendre la Louisiane que d'envisager d'y prendre vraiment pied. Paradoxalement, ce sont certains de ses officiers qui reprirent pied aux Etats-Unis. Quand après les Cent-Jours, et refusant la Restauration, Bernard 1794, Crozet 1805 ou Buisson 1811 participèrent avec détermination à la mise en valeur de ces terres ou à la formation de leurs cadres, ce fut pour le compte des jeunes États-Unis. Et quand Lallemand 1796 emmène au Texas des grognards de l'Empire, comme plus tard

    Considérant 18 des disciples fouriéristes, c'est pour les installer dans ce pays quitte à combattre les Comanches.

    Mais la monarchie de la Restauration, le Second Empire, la République eurent une politique continue de conquête, qu'ils justifièrent selon les circonstances par des arguments culturels, religieux, commerciaux, militaires. La lutte contre les corsaires barbaresques en même temps ou l'éducation des populations attardées, pour parler comme le fit si souvent Victor Hugo. Imposer l'école n'est-il pas une bonne action? Lutter contre l'esclavage en chassant des territoires conquis les prédateurs esclavagistes venus y faire des razzias n'est-il pas une bonne action, qu'on n'habillait pas à l'époque du terme de droit d'ingérence?

    Quand Dolisie 1879, le fidèle second de Savorgnan de Brazza mettra en place la politique d'affranchissement des esclaves dans les terres devenues françaises qu'il gouvernera, en affirmant que tout homme qui touchera le drapeau français deviendra un homme libre, ne mérite-t-il pas notre estime même si, ensuite, les promesses ainsi faites ont été mal tenues?

    Mais dans la grande majorité des cas, les polytechniciens furent amenés par la vocation militaire de leur Ecole à participer d'abord à des opérations de conquête supposant des travaux de reconnaissance, cartographie, aménagement, et à se retrouver ensuite en première ligne pour les travaux de développement, exploitation, urbanisme. Voici quelques noms de militaires: Lamoricière 1824 et Cavaignac 1820 en Algérie, Courbet 1847 ou Rigault de Genouillé 1825 en Indochine, Faidherbe ou Archinard 1868 au Soudan. Sans oublier notre jeune Bougainville, aspirant de marine râleur auprès de Baudin en 1800 mais appelé en 1837, avec le grade de contre-amiral, au commandement de la marine à Alger. Tous ces militaires eurent aussi à assumer des fonctions de gouvernement et d'administration. Il serait particulièrement intéressant d'analyser le rôle des X en Algérie, car on y trouve des scènes de combat, des illustrations du bon usage du saint-simonisme, des controverses sur le principe de la colonisation de masse condamnée par Enfantin 1813, et en permanence d'innombrables travaux d'infrastructure portant la signature des meilleurs ingénieurs X : je conseille aux lecteurs intéressés par ce passionnant sujet la consultation du bulletin numéro 64 de la SABIX.

    Des missionnaires singuliers

    Nombre de nos camarades ont aussi été envoyés, dès le début du XIXème siècle, ou le seront pendant les deux siècles suivants dans des missions d'assistance ou de coopération. Ils le firent d'abord pour le compte de leur pays, quand la France fut priée par d'autres pays de leur fournir des experts, avant de le faire à la demande d'organismes internationaux.

    Mercenaires ou coopérants? Ou l'un et l'autre, ou l'autre après l'un après l'autre ?

    Examinons le parcours de Touflet 1871. Il est envoyé au Salvador qui, craignant d'être agressé par le Guatemala, veut mieux former ses officiers et passe contrat avec la France. Touflet se sentira si proche de ses élèves officiers qu'il va mourir à leurs côtés, en 1885, lors de la bataille de Chalchuapa. Mais ce fut une bataille victorieuse, et Touflet contribua beaucoup à ce succès, dirigeant les tirs des canons du Salvador.

    Autres exemples: lors de leurs missions, qui se succédèrent de 1860 à 1890, Verny 1856, Brunet 1857, Kreitmann 1872, Bertin 1858 ont parcouru le Japon avec ardeur et s'y sont faits beaucoup d'amis. Mais dans les guerres civiles de l'époque Meiji, leurs habituels correspondants comme leurs élèves se retrouvent dans les deux camps; et Brunet, incapable de trouver sa place dans ces conflits, va jusqu'à abandonner son poste dans l'armée de l'empereur pour rejoindre des samouraïs révoltés à Hokkaido.

    Quant à Fabvier 1802, héros de l'Empire, il va après bien des aventures rejoindre les insurgés grecs, et se mettre à leur disposition de sa propre initiative. Sans vouloir forcer le trait, on peut analyser cette aventure comme une épopée courageuse en faveur de la démocratie, mais aussi comme une expédition de découverte d'un peuple. Fabvier le chérit, mais sait aussi vociférer contre ses défauts. Il devient cependant un de ses meilleurs chefs et, influenceur convaincu, sut aussi agir avec le mouvement philhellène pour pousser la France dans une alliance contre les Turcs.

    Quelle valeur ajoutée ?

    Comment évaluer la valeur ajoutée d'une expédition comme celle de Baudin et de nos six matelots que nous avons coiffés d'un bicorne?

    Puisque nous avons convoqué dans ce prologue de nombreux autres X ayant mené ou accompagné des aventures du même type, nous pourrions élargir le champ d'investigation aux territoires qu'ils ont parcourus. Mais cela nous entraînerait inévitablement à une dissertation sur la colonisation, action sans doute envisagée par moments par Bonaparte, mais pratiquement non évaluée par Baudin et ses accompagnateurs.

    Alors, quelle valeur ajoutée pour les différents acteurs ?

    Pour les populations aborigènes, pratiquement aucune. Ils auront appris que, comme leurs concurrents britanniques, les passagers du Géographe et du Naturaliste savent aller et venir, les regarder alternativement avec méfiance, indifférence, mépris, sympathie, et toujours avec curiosité. Mais la brièveté de leurs échanges fut telle que les générations qui leur succéderont ne pourront imputer aux Français ni bienfaits ni fautes.

    L'expédition française aura pourtant laissé quelques traces dans le pays. Dans l'île qui porte aujourd'hui le nom de Kangaroo Island, après avoir été nommée Decrès en hommage au ministre de la Marine de Bonaparte, se trouve un émouvant rocher, le Frenchman's Rock. Il a été gravé lors d'un passage du Géographe et porte le texte suivant :

    Expédition de découverte par le commandant Baudin sur le Géographe 1803.

    D'innombrables îles, baies, channels, n'ont pas subi un nouveau naming et continuent à « bénéficier » de dénominations françaises.

    A défaut de le juger comme un acte de prédation, félicitons-nous de cet hommage au travail de cartographie minutieuse qui fut accompli.

    Mais la lecture des ouvrages sur ce « Voyage de découverte », comme sans doute celle de ce bulletin, nous apporte aussi d'autres plaisirs que ceux du savoir.

    Elle nous proposera d'abord une réflexion sur l'histoire. Le livre que rédigèrent Freycinet, Péron et Lesueur après leur retour se veut la narration exacte du voyage, des travaux entrepris et du rôle des différents acteurs. On sait que, dans ce domaine, le commandant Baudin; qui était mort à l'île Maurice avant le retour du Géographe, ne fut pas bien traité : l'histoire déjà semblait avoir été modifiée pour des raisons de jalousies personnelles et de carriérisme. Puis, la présentation de cette aventure fut évidemment influencée en Grande-Bretagne comme en France comme pour prolonger leur concurrence, avant de faire l'objet des attaques « d'historiens » insistant sur les visées colonialistes, affichées ou non, et classant parfois les découvreurs du passé dans la catégorie des prédateurs impardonnables : j'ai évoqué ces thèmes. Gustave Flaubert qui cherchait pourtant à placer l'action de ses romans dans la vérité historique avait déjà signalé que l'histoire changeait continuellement, puisque ce sont les hommes qui continuent à la faire.

    Alors, revenons avec modestie à nos six jeunes marins en abandonnant les réflexions sur le contact des civilisations. Avec eux nous admirerons l'originalité de faunes rencontrées, nous percevrons les échos de chaudes discussions sur le pont entre experts divisés, et, puisque c'est là notre sujet, nous apprendrons avec ces jeunes gens à nommer toutes les étoiles tournant autour de la Croix du Sud.

    Bailly, Bougainville, Boullanger, Faure, Maurouard et Moreau auront vécu pendant deux années une expérience d'exceptionnelle intensité, et la suite de leurs parcours - montre bien qu'ils en ont tiré profit. Evidemment pour développer leurs capacités scientifiques, mais aussi comme leurs qualités de caractère. Si tous n'ont pas connu la carrière de Bougainville Junior ou la mort héroïque de Moreau au combat, tous ont continué à « servir » sans hésitation, et pas seulement en Nouvelle-Hollande.

    Comme leurs prédécesseurs en Egypte, ou leurs successeurs dans le monde entier dont certains ont été cités dans cette préface, ils apportent la preuve que la découverte de territoires nouveaux peut être une activité polytechnicienne au même titre que celle de théorèmes d'analyse ou de lois chimiques.

    « Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire » ?



    Biographies des auteurs

    Olivier Azzola, maître ès-lettres diplômé de l'université de Paris et archiviste diplômé de l'université d'Angers, est depuis 2019 responsable du Centre de ressources historiques et mus'X de l'École polytechnique. Il y était auparavant archiviste (2008-2019).

    Gabrielle Baglione est responsable des collections graphiques et ethnographiques au Muséum d'histoire naturelle du Havre. Elle a récemment été commissaire de l'exposition « Australie-Le Havre. L'intimité d'un lien (1801-2021) » : 217 dessins et manuscrits de l'expédition menée par Nicolas Baudin étaient exposés aux côtés de 50 créations australiennes contemporaines.

    Alain Brachon, X 1963, passionné de rugby et de généalogie, oeuvre par ses recherches historiques au sein de la communauté de l'encyclopédie libre Wikipedia. C'est dans ce cadre qu'il a tout particulièrement reconstitué, avec précision, les biographies des polytechniciens engagés dans l'expédition de découverte de l'Australie de Nicolas Baudin.

    Dany Bréelle, agrégée et docteur en géographie, est chercheur associée à l'université Flinders en Australie méridionale (College of Humanities, Arts and Social Sciences). Ses travaux récents concernent les géographes de l'expédition Baudin. Elle mène une recherche systématique et critique des noms de lieux que le voyage a générés sur les côtes australiennes. Elle a aussi travaillé sur le navigateur Matthew Flinders, et, dans un autre registre, sur deux géographes français, Pierre Gourou et Charles Robequain, dont les travaux, accomplis entre les deux guerres mondiales dans deux régions de l'Indochine française, servirent de référent et fondement à la géographie coloniale et tropicale française. Ses recherches ont fait l'objet de plusieurs publications en France et en Australie, (dmbreelle@gmail.com)

    Michel Jangoux. Spécialiste de l'étude des invertébrés marins et de l'Histoire des voyages de découvertes, Michel Jangoux est professeur émérite de Zoologie et de Biologie marine à l'Université Libre de Bruxelles et à l'Université de Mons. Il est membre de la Classe des Sciences de l'Académie royale de Belgique.

    Christian Marbach, X 1956 et membre de l'Académie des Technologies, a au cours de sa carrière administrative et industrielle eu de nombreux contacts avec l'Australie. Il a notamment, pendant une dizaine d'années, coprésidé l'association FAIR, French Australian Association for Innovation and Research. Auteur de livres et d'articles souvent reliés aux polytechniciens, il a notamment publié « Portraits de polytechniciens » où sont rappelés les parcours de nombreux X cités dans ce bulletin, ainsi que « Rose et les Dauphins » qui raconte le voyage effectué par Louis de Freycinet entre 1817 et 1820 autour du monde et en Australie qu'il avait déjà explorée avec Baudin.

    Martine Marin, traductrice technique et présidente de l'association Les Amis de Nicolas Baudin a séjourné en Australie du Sud en 1993 et 1994 où elle a découvert l'expédition Baudin en tant que bénévole dans les parcs nationaux. Depuis, elle n'a cessé de présenter l'expédition Baudin et son capitaine à travers des expositions, des conférences, la publication d'un bulletin trimestriel « La lettre des Amis de Nicolas Baudin » et la traduction de l'ouvrage de Frank Horner « La reconnaissance française, l'expédition Baudin en Australie 1801-1803 » aux éditions L'Harmattan.

    Wolf Mayer. Après avoir quitté son poste en histoire, philosophie et sociologie des sciences à l'Australian National University de Canberra, l'intérêt principal de Wolf Mayer s'est porté sur l'exploration géologique précoce en Australie et les voyages de découverte.

    Alain Pétiniot, nommé à Cérilly, en 1981, comme professeur de collège, s'est intéressé au nom que portait l'établissement: collège François Péron. En juin 1996, au cours d'une discussion avec des amis, il a décidé de créer une association, dont il est le président depuis cette même date, pour faire connaître la vie et l'oeuvre de ce personnage hors du commun, Péron étant plus connu en Australie que dans l'Allier.

    Maurice Sarazin. Bibliothécaire retraité (dernier poste: conservateur à la Bibliothèque de santé de Clermont-Ferrand de 1967 à 1989), Maurice Sarazin se consacre, depuis 1970, à des publications concernant le département de l'Ailier (Bourbonnais); ce qui l'a amené à traiter des sujets très variés. Péron entre dans ce cadre, et il a réuni à son sujet une documentation importante.

    Ritsert Rinsma est l'auteur d'une importante biographie de Lesueur, et le seul, après Ernest Hamy en 1904, à avoir publié un volume historique sur son séjour aux Etats-Unis: « Alexandre Lesueur: un explorateur et artiste français au pays de Thomas Jefferson » (2007). La version anglaise de cette biographie : « Eyewitness to Utopia : Scientific Conquest and Communal Settlement in C.-A. Lesueur's Sketches of the Frontier » est parue en 2019. Il a donné une conférence sur Lesueur aux Archives du Havre dans le cadre des Journées du Patrimoine 2021 et a présenté un long métrage de 90 minutes sur l'expédition Baudin en Tasmanie à Saint-Tropez, avec Pierre-Marie Hubert, au Festival du film australien de 2021. charles-alexandre-lesueur.info

    Marie-Christine Thooris, documentaliste chargée de section documentaire à la bibliothèque de l'École polytechnique depuis 1981, est nommée responsable du Centre de Ressources Historiques nouvellement créé en 2005. A ce titre elle a assuré la gestion, la communication et la valorisation du fonds ancien des ouvrages imprimés, des archives et des pièces patrimoniales conservés à la bibliothèque de l'École. Depuis 2016 le projet AMUSIX a mobilisé toute son expérience et son énergie, aboutissant en 2018 à la création du MUS'X, musée de l'École polytechnique dont elle a accompagné les premiers mois d'existence. Elle a quitté ses fonctions en 2019. Olivier Azzola lui a succédé dans ces missions.

  •