À la rencontre des peintres polytechniciens
20,00 €
Tous les polytechniciens se souviennent d’avoir côtoyé dans leur promotion des camarades exceptionnellement doués pour le dessin ou la peinture, auxquels il arrivait de mettre leurs talents de coloriste, de fresquiste ou de caricaturiste au service de leur communauté. Ils savent aussi que certains d’entre eux ont continué, malgré leurs charges de fonctionnaire, industriel ou chercheur, à manier le pastel, l’huile ou l’acrylique.
Ainsi, nombreux sont nos cocons de la 56 qui ont visité régulièrement le casertoù travaillait (et peignait) Daniel Courgeau. Daniel est devenu un expert en démographie, mais il a toujours continué à créer. Dans ses dessins et ses toiles, pas le moindre espace de la toile ne reste à découvert, elle est totalement habitée, sous l’effet de sortilèges rares, de figures et de paysages fantastiques et exubérants. Autant dire que les cocons de la 56 s’en trouvaient parfois perplexes, toujours fascinés
Le présent bulletin de la Sabix, intitulé « À la rencontre des polytechniciens peintres » porte essentiellement sur des polytechniciens, en général plus anciens, qui ont été encore plus loin dans leur désir de peinture. Certains en ont parfois fait leur métier principal, par exemple à la suite d’un accident de carrière (ainsi Langlois, X 1806, mis en demi-solde en 1815) ; d’autres ont su organiser méthodiquement leur carrière pour bénéficier d’un gagne-pain tout en disposant de très larges facilités d’études et d’atelier : on peut classer dans cette catégorie les X professeurs de dessin, comme Lordon, X 1794 ou encore un Penguilly-l’Haridon, X 1831 nommé conservateur au musée de l’artillerie par son protecteur Napoléon III. D’autres enfin, comme Rouart (X 1853) se sont trouvés, à une certaine étape de leur vie professionnelle, en position de disposer de temps grâce à une situation matérielle assurée, et en ont profité pour peindre avec constance. En tout état de cause la décision de consacrer l’essentiel de sa vie à la peinture ne saurait jamais être un pis-aller, c’est toujours un choix de vocation : les peintres qui feront l’objet d’un examen plus approfondi sont bien des artistes, de cœur comme de métier.
Je viens de citer quatre artistes parmi les peintres polytechniciens dont le nom est parfois connu, et pas seulement des spécialistes. Ils ont, comme d’autres, eu leur moment de gloire au XIXe siècle, admis dans les Salons officiels de l’époque, bénéficiant de commandes publiques, appréciés de collectionneurs. Après une période d’oubli, il leur arrive parfois, comme à un Jumel de Noireterre, X 1845 ou à un Rovel, X 1868, de refaire modestement l’actualité grâce à un heureux travail de restauration ou d’étude, souvent entrepris par des musées de province. Et leur nom est de temps en temps cité à l’occasion d’enchères publiques relatives à une de leurs œuvres.
Il m’a semblé que notre communauté polytechnicienne pouvait être intéressée par un regard actuel sur les polytechniciens peintres, c’est l’objet de mon travail. Je suis heureux d’avoir pu préparer ce bulletin avec le concours actif de Hervé Loilier, X 1967, peintre lui-même qui vient de quitter l’École polytechnique cet été 2012 : il y a enseigné, dans le cadre du département H2S, dessin et histoire de l’art depuis une trentaine d’années.