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Georges Besse, un ingénieur d’exception

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Georges Besse est évidemment connu de tous ceux qui liront ce bulletin ; ils savent tous qu’il eut une carrière brillante au service de l’industrie de notre pays avant de périr assassiné, le 17 novembre 1986, sous les balles des tueuses ou de barbares – je reprends ici les termes utilisés à l’époque aussi bien par la presse que lors du procès des assassins.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, au cours de cette décennie-là, les terroristes d’Action Directe s’en sont pris non à des hommes politiques, mais à ceux qu’ils considéraient comme des représentants d’une « technostructure », ingénieurs polytechniciens principalement : associons à la mémoire de Besse celle de l’ingénieur général René Audran (X1950), assassiné lui aussi devant son domicile en janvier 1985, et rappelons la tentative d’assassinat faite en avril 1986 sur Guy Brana (1924-2010, X1943), ingénieur en chef de l’armement, ancien de Thomson-CSF et vice-président du CNPF. Cette idéologie visant, parfois avec passage à l’acte, une élite technique et industrielle prétendument détentrice du pouvoir effectif, n’a été jusqu’à présent que peu étudiée et mériterait de l’être – comme elle mérite réflexion, car elle reste d’actualité et s’est même répandue, quoique édulcorée, dans des mouvances beaucoup plus larges.

Ce destin tragique et rare (un PDG de grande entreprise tué devant son domicile, au retour de sa journée de travail) a évidemment contribué à faire connaître encore davantage le nom de Besse ; peut-être cependant a-t-il aussi empêché que l’on examinât avec plus d’attention son parcours, les étapes de sa carrière, la formation et la qualité de ses méthodes de management. C’est à ceci qu’est consacré l’essentiel de ce Bulletin.

Le lecteur y trouvera d’abord une analyse précise des rares travaux effectivement consacrés à Georges Besse, dont un seul, d’ailleurs excellent, est public : le compte-rendu du colloque de 1996 organisé par l’Institut d’Histoire de l’industrie. Christian Marbach a évidemment disposé de ce livre pour préparer ce bulletin, comme des documents de qualité préparés par la Fondation Georges Besse. Il a surtout pu interroger un certain nombre de témoins ayant côtoyé Georges Besse, et en particulier son épouse, Mme Françoise Besse, qui a accordé son soutien amical à notre entreprise dès ses prémices : qu’elle en soit ici particulièrement remerciée.