Guerre et Paix. Des polytechniciens en Russie (1810-1840) – Le fonds Fabre
20,00 €
Le 6 septembre 2015, mon camarade Jean Salmona (X 1956) m’informa d’une heureuse possibilité : une de ses amies, Sylvie Monnet, historienne, avait un ancêtre polytechnicien (Jacques‑Alexandre Fabre, X 1801) qui avait travaillé en Russie à l’époque de Napoléon et mis ses capacités pendant plus de vingt ans à la disposition du tsar. Madame Monnet possédait une collection de plans, notamment de ponts ou de bâtiments, réalisés par son ancêtre en Russie. Elle souhaitait en faire don à la bibliothèque de l’X, si cela l’intéressait. Jean Salmona me proposait de prendre contact avec Sylvie Monnet pour lui indiquer les démarches à entreprendre.
Je connaissais un peu l’aventure de quelques polytechniciens envoyés en mission à Saint-Pétersbourg en 1810. Je savais aussi que deux historiens, Irina et Dimitri Gouzévitch, de culture à la fois russe et française en avaient étudié bien des aspects et acquis une connaissance approfondie du parcours de divers X en Russie à cette époque ; ils avaient d’ailleurs aidé la Sabix à enrichir le contenu des bulletins consacrés à d’éminents savants comme Poncelet (X 1807, bulletin Sabix 19) et Lamé (X 1815, bulletin Sabix 44). Dans ces bulletins, l’aventure des quatre « missionnaire » était souvent abordée même si Fabre (X 1801) était moins célèbre que ses camarades de mission Bazaine (X 1803), Destrem (X 1804) et Potier (X 1805). Aussi, je fus tout de suite persuadé que cette proposition de don ne pouvait qu’être accueillie avec joie par les responsables de la bibliothèque de l’École et contribuer à la recherche historique sur cette époque et ces personnages.
Encore fallait-il ouvrir la malle…
Le présent bulletin préparé par la Sabix a pour premier objectif de décrire l’exceptionnel fonds d’archives ainsi entré à l’École polytechnique. Il avait certes été protégé pendant presque deux siècles dans cette malle, et il était tentant de rapprocher son destin à celui d’un bagage du général Dourakine, malencontreusement monté par ses serviteurs au grenier et oublié pendant plus d’un siècle. Et voici qu’une fée le retrouvait, en examinait le contenu avec curiosité et érudition et en faisait don à l’école de son ancien propriétaire !
À cet hommage rendu à notre École, celle‑ci se devait de répondre avec respect et minutie. Avec l’assistance de la Sabix, la bibliothèque vérifia le contenu de la malle, entreprit les travaux de restauration indispensables, l’analysa, le numérisa, le rendit exploitable. Cette étape indispensable fut menée avec un professionnalisme affirmé par les services de l’École et notamment par Delphine Gallot, restauratrice et Olivier Azzola, archiviste à la bibliothèque. Ils ont accepté de nous relater les étapes de cette mise au net, mais aussi de nous en faire une description détaillée. La partie IV de ce bulletin est particulièrement consacrée au fonds Fabre et nous en présente de nombreuses pièces, parmi les deux cents du dossier.