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Les X et la Cour des Comptes

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L’École polytechnique et la Cour des comptes ont pour caractéristiques communes d’être des institutions plus que bicentenaires et dotées d’un grand prestige dans l’esprit des Français. L’attachement à l’École se constate chaque année au volume des applaudissements lors du défilé du 14-Juillet[1]. Quant à l’autorité qu’inspirent les travaux la Cour, elle se constate presque quotidiennement dans la presse et a pu se vérifier directement en 2019 dans le dépouillement du Grand débat national organisé par le Président de la République.

Un autre point commun, sur le plan historique, est l’attachement que leur portait Napoléon Ier. C’est évident pour la Cour puisque c’est lui qui l’a créée, en 1807. Certes, ce n’est pas l’Empereur des Français, ni même le Premier Consul qui a créé l’École, mais la Convention. Toutefois Napoléon a joué un rôle déterminant pour elle en lui conférant son statut militaire, toujours en vigueur. C’est lui aussi qui a donné à Polytechnique sa devise : « Pour la patrie, les sciences et la gloire ». On rappellera enfin qu’il considérait l’École comme sa « poule aux œufs d’or », ce que rappelait le vitrail d’un amphithéâtre dans les anciens locaux, rue Descartes.

Ces points communs sont cependant insuffisants pour mériter qu’une étude leur soit consacrée. Ce qui justifie un travail sur la Cour des comptes et les polytechniciens est le grand nombre d’anciens élèves de l’X qui ont effectué une partie de leur carrière à la Cour, comme magistrat ou dans un autre statut.

Cela nous obligera à examiner tout d’abord les différentes voies de recrutement par lesquelles des polytechniciens sont devenus magistrats financiers.

Nous donnerons ensuite quelques éléments statistiques pour esquisser une typologie des polytechniciens de la Cour.

Dans une troisième partie, plus développée, nous donnerons de la chair à cette analyse en brossant le portrait d’un certain nombre de magistrats polytechniciens.

Nous tenterons enfin de voir si les polytechniciens constituent une population particulière au sein de la Cour.

Philippe Bertran (X 1968) a effectué la première partie de sa vie professionnelle au ministère de l’industrie où il a occupé différents postes dans le domaine de la métrologie et de la qualité des produits industriels, entrecoupés d’un premier passage de deux ans à la Cour des comptes dont il fut un des premiers rapporteurs extérieurs.

Il a ensuite passé une vingtaine d’années au siège de France Télécom où, à la direction de la stratégie puis comme directeur des affaires publiques, il a notamment été à l’interface avec l’Etat dans le processus d’ouverture du secteur des télécommunications à la concurrence et d’évolution statutaire de l’opérateur historique. Il y a terminé sa carrière comme inspecteur général.

Une fois retraité du corps des mines et de France Télécom, il est revenu à la Cour des comptes en tant que rapporteur à temps partiel, fonction qu’il a exercée pendant neuf ans.

Il est délégué du Défenseur des droits à Paris et vice-président de la Société métrique de France.