Au début du XXème siècle, après les expositions universelles, les grands ingénieurs tenaient le devant de la scène. Les audaces d'un Eiffel avaient finalement séduit les français.
Depuis, la création de nouveaux centres d'intérêt résultant du développement rapide de certaines technologies (astronautique, génétique, etc.) ont modifié la perception du grand public. Des plans d'urbanisme discutables et certaines outrances de promoteurs ou bétonneurs ont parfois contribué à dévaluer le rôle de l'ingénieur.
Tous ces faits ont conduit à occulter la richesse de l'œuvre d'Albert Caquot. Mais, la décantation opérée par le temps et les hommages exprimés avec persistance depuis sa disparition ont démontré le caractère exceptionnel de ce grand bâtisseur de l'histoire. Et, par ailleurs, devant certains échecs, la France s'interroge sur les défis technologiques.
Nous avons déjà souligné dans l'avant-propos l'exceptionnel hommage rendu le 10 janvier 1977 par l'Académie des Sciences à Albert Caquot. Un prix Nobel de physique et membre de cette Académie, Alfred Kastler, délégué par celle-ci, renouvela cet hommage en se rendant à Vouziers le 1er juillet 1981, pour y présider les cérémonies du centenaire de la naissance d'Albert Caquot.
Le 25 mai 1977, le Ministre de l'Équipement et de l'Aménagement du Territoire, M. Jean-Pierre Fourcade, venait présider la cérémonie par laquelle l'Ecole nationale des ponts et chaussées attribuait le nom d'Albert Caquot à son principal amphithéâtre.
Le 7 décembre 1978, le Ministre de la Défense, M. Yvon Bourges, présidait à Toulouse la cérémonie donnant au bâtiment " Enseignement " de l'École nationale supérieure de l'aéronautique et de l'espace le nom d'Albert Caquot.
L'Association nationale des Ingénieurs des ponts et chaussées institua, par délibération du 5 octobre 1978, un prix Albert Caquot. Il fut attribué, en 1980 à Jean Muller, ingénieur français, concepteur de nombreux ponts, en France et à l'étranger. M. d'Ornano, ministre de l'Environnement et du Cadre de Vie, tint à présider cette cérémonie.
Avec l'accord des fondateurs du prix, l'Association Française pour la Construction a repris l'attribution de celui-ci, avec le règlement suivant : " Le prix est destiné à récompenser un ingénieur pour l'ensemble de sa carrière, en particulier pour ses travaux scientifiques et techniques et pour ses projets et ses réalisations, mais aussi pour ses qualités morales et son rayonnement dans le monde de la construction. " Il est attribué chaque année : une année sur deux à un ingénieur français et une année sur deux à un ingénieur étranger.
L'ingénieur auquel le prix est décerné reçoit avec son diplôme la médaille de la Monnaie, frappée lors du jubilé scientifique d'Albert Caquot.
[Il s'agit de la médaille frappée en 1947 par l'administration des monnaies et médailles de Paris, sous la signature de M. Morlon. Elle porte sur une face le profil en relief d'Albert Caquot et sur l'autre la dédicace " A notre maître, ses élèves, ses amis, 1947 " ainsi qu'une représentation du pont de la Caille sur le ravin des Usses, d'un ballon " saucisse ", de son treuil, et d'un hangar Caquot.]
Ce prix est qualifié hors de nos frontières de " France highest honour for civil engineering.
Le gouvernement a décidé la diffusion en juin 2001 d'un timbre à la mémoire d'Albert Caquot ; le président de la Poste a ainsi commenté cette décision le 10 octobre 2000 :
" Je me félicite que le timbre-poste, vecteur de communication, puisse rendre un hommage national mérité à ce brillant ingénieur qui contribua, par son oeuvre considérable, au rayonnement de la France dans le Monde. "
Tous ces hommages rendus à cet infatigable bâtisseur ne sont-ils pas la confirmation de la justesse de la pensée de Paul Valéry :
" La France est une sorte d'œuvre. Ceux qui ont capté et dirigé les eaux, ceux qui ont bâti, ceux qui ont forgé, ceux qui ont tracé les routes, creusé les canaux, jeté les ponts, ceux-là sont les véritables fondateurs de la cité visible et non seulement fondateurs, mais encore ils lui ont fait son esprit. "