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Bulletin n° 39
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Laurent Schwartz
Au cours des dernières
années la Bibliothèque de l’Ecole polytechnique
a reçu deux nouveaux fonds d’archives ouverts à
la consultation des chercheurs : le fonds Laurent Schwartz et
le fonds André-Louis Cholesky.
L’importance des travaux de Laurent Schwartz dans le domaine des mathématiques, et sa contribution à l’enseignement dispensé à l’Ecole polytechnique sont bien connus. Il y a fondé, développé et animé longtemps le centre d’études qui porte son nom. Bernard Esambert a rendu hommage à ce mathématicien d'exception qui souvent s’engagea généreusement dans les combats difficiles.
Le fonds d’archives qu’il a légué à la Bibliothèque a été classé par Monsieur Alain Guichardet, qui fut pour lui un proche collaborateur. Dans le bulletin 39 de la Sabix (Société des amis de la Bibliothèque de l’Ecole polytechnique), Alain Guichardet :
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André-Louis Cholesky
André-Louis Cholesky, polytechnicien de la promotion 1895, demeure mal connu et les éclairages que porte sur sa vie et ses travaux le bulletin 39 de la Sabix, ne manqueront pas de retenir l’attention des lecteurs intéressés par l’histoire en général, et par l’histoire des sciences en particulier. Son petit-fils,
Monsieur Charles Gross, a déposé à la Bibliothèque
un ensemble de documents conservés par la famille, documents
explorés par Claude Brezinski, professeur à l’Université
des Sciences et Technologies de Lille, qui retrace la carrière
du polytechnicien, et procède à une analyse de ses
travaux.
Officier du corps
de l’Artillerie, André- Louis Cholesky fut longtemps affecté
au Service géographique de l’Etat-Major de l’Armée,
et prit part à des campagnes de topographie en France,
en Algérie, en Tunisie et en Crète. Ces campagnes
commencent par la construction de mires sur le terrain, et se
poursuivent par des visées qui permettent de mesurer les
angles formé par les droites qui joignent les différentes
mires. A partir de ces mesures, affectées de marges d’incertitude,
on calcule les positions géographiques des mires. Cholesky,
esprit curieux et imaginatif, prompt à tirer parti de sa
capacité à raisonner, s’est cependant lui-même
plié aux contraintes de tâches parfois pénibles,
car les supports de mires devaient être placés sur
les points les plus élevés de la campagne.A ce propos
la lecture de pages extraites des carnets de Cholesky, transcrites
par Claude Brezinski, nous fait vivre avec une certaine émotion
l’activité quotidienne d’un jeune officier affrontant d’ingrats
problèmes de logistique dans les montagnes enneigées
des Alpes ou de la Crète.
Mais plus tard, mettant à profit ses capacités dans
le maniement des concepts mathématiques, il invente une
méthode de résolution des systèmes d’équations
linéaires, décrite aujourd’hui dans de très
nombreux ouvrages de calcul numérique et enseignée
à d’innombrables étudiants, alors que son auteur
reste pratiquement méconnu. Claude Brezinski enseigne les
mathématiques, il ne cache pas le sentiment de bonheur
ressenti en découvrant le précieux manuscrit où
Cholesky déroulait son fameux algorithme. A propos de la
détermination des points géographiques par triangulation,
il nous explique comment les mesures d’angles, redondantes et
affectées « d’erreurs », conduisent par la
méthode des moindres carrés, à des systèmes
de nombreuses équations linéaires impliquant de
nombreuses inconnues. Dans un temps où les machines à
calculer mécaniques travaillaient très lentement,
l’algorithme de Cholesky réduisait considérablement
le temps de calcul. Il est intéressant d’imaginer le cheminement
intellectuel qui a conduit l’auteur jusqu’à cette invention.
Du point de vue de l’histoire, l’évocation de la vie de
Choleski nous signale aussi l’ampleur des travaux entrepris par
la France à cette époque, afin d’améliorer
la cartographie en métropole, et dans bien d’autres régions..
Vient la grande Guerre. Cholesky s’intéresse à la
photographie aérienne, au repérage des aéronefs,
à la correction de pointage en combat aérien… De
septembre 1917 à février 1918 il est détaché
à la mission militaire en Roumanie. En juin 1918 il rejoint
un régiment d’artillerie de l’Armée Mangin, et malheureusement
il décède 31 août 1918 des suites de blessures
reçues sur le champ de bataille.
Pour permettre de mieux apprécier les activités
de ce personnage attachant en les situant dans un cadre plus large,
C.Brezinski présente à l’intention des lecteurs
qui ne sont pas familiers des techniques de la géodésie,
un résumé de l’histoire de cette science intitulé
Géodésie, Topographie et Cartographie. Ce texte
dense et synthétique définit les concepts de façon
précise, et rappelle la longue chaîne de réflexions
et d’observations qui, depuis les anciens grecs jusqu’à
nos jours, ont abouti à déterminer la figure de
la planète telle qu’elle est retenue aujourd’hui.
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